Noir : de la couleur à la matière

Derrière cette teinte, considérée pendant des siècles comme une "non-couleur", se cachent des substances minérales, végétales, animales ou artificielles qui lui procurent ses nuances plus ou moins foncées. Leur étude permet d'en savoir plus sur la fabrication et l'utilisation du noir, de la préhistoire à aujourd'hui.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°927, daté mai 2024.

Anish Kapoor, l'un des plus célèbres sculpteurs contemporains, présentait ses œuvres au palais Strozzi de Florence (Italie) en février. Miroirs en acier poli créant des perspectives inversées, gigantesques blocs de cire rouge sang semblant avancer sur des rails… Autant de réalisations brouillant les frontières entre "Illusion et réalité", titre de l'exposition. Une salle abritait aussi une collection d'objets d'un noir vertigineux, enduits d'un matériau considéré comme l'un des plus sombres fabriqués à ce jour. Dénommé Vantablack, il est constitué d'un réseau de nanotubes de carbone dix mille fois plus fins qu'un cheveu… qui absorbent 99,965 % de la lumière ! À tel point que les sculptures qui en sont recouvertes apparaissent sans reliefs ni détails en donnant "l'illusion du vide" alors qu'elles sont "emplies d'obscurité", expliquait le plasticien britannique lors du vernissage.

Derrière le noir, couleur à part qui a souvent fasciné ou questionné les artistes et a été considérée durant des siècles comme une "non-couleur", se cache en effet une variété de substances. Elles suscitent depuis une dizaine d'années un intérêt nouveau. "Les études académiques s'étaient surtout intéressées au noir en tant que teinte, ses aspects symboliques et esthétiques en particulier, observe Georges Roque, historien d'art et directeur de recherche honoraire au CNRS. Par idéalisme, sans doute aussi par facilité, elles faisaient littéralement abstraction des matières qui la constituent. "

Mais de plus en plus de travaux s'efforcent de caractériser leur nature dans les objets d'art et vestiges patrimoniaux. "Ils dévoilent une multitude de substances minérales, végétales, animales ou artificielles produisant autant de nuances foncées ", s'enthousiasme Agnès Lattuati-Derieux, ingénieure chimiste au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Avec, à la clé, des informations pré[...]

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