Nikki Haley abandonne face à Donald Trump : de l’espoir au fiasco, comment sa candidature a fait pschit

ÉTATS-UNIS - « Il est encore temps de faire entendre votre voix ! La plupart des bureaux de vote des fuseaux horaires de l’est et du centre sont encore ouverts. Sortez et votez ! ». Ces mots enthousiastes publiés sur X par Nikki Haley, mardi soir alors que le Super Tuesday tirait sur sa fin, semblent désormais bien lointains.

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Une quinzaine d’heures plus tard, la candidate républicaine à l’investiture a enfin pris la parole après un silence radio remarqué, elle qui a été balayée la veille par Donald Trump, qui l’a battue dans 13 États sur 14. Dans un discours à Charleston en Caroline du Sud ce mercredi 6 mars, la principale ville de l’État dont elle a été la gouverneure, Nikki Haley a officiellement jeté l’éponge. « Il est temps pour moi de suspendre ma campagne », a-t-elle déclaré, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Enfin, pourrait-on dire, tant les voyants étaient tous au rouge dans sa campagne depuis quelque temps. Sur les 1 215 délégués nécessaires pour devenir le candidat républicain à l’élection présidentielle de novembre, elle n’en compte que 86, onze fois moins que Donald Trump qui en a déjà conquis 969.

Tout avait pourtant bien commencé pour elle l’année dernière, notamment lors de plusieurs débats entre les républicains candidats à l’investiture (sans Donald Trump), où elle s’était fait remarquer à chaque fois. La cote dans les sondages ne cessait alors de grimper pour celle qui s’érigeait en véritable espoir aux républicains cherchant une alternative anti-Trump. Illustration dans l’Iowa, à la veille du premier débat le 22 août : elle plafonnait alors à 3,8 % des intentions de vote dans cet État, grimpant trois mois plus tard à 13,9 %.

Deux maigres victoires, à Washington et dans le Vermont

Nikki Haley a su profiter de ses atouts pour déclencher ce « momentum ». Son passé d’ambassadrice à l’ONU a joué en sa faveur dans un contexte de guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, et sa stratégie d’évitement face à Trump pour ne pas s’aliéner sa base portait ses fruits. La candidate conservatrice, seule femme à concourir dans le camp républicain, n’hésitait pas aussi à mettre en avant ses origines sikhs, ses deux parents ayant émigré d’Inde dans les années 1960.

À 52 ans, elle se voulait par ailleurs la candidate de la « nouvelle génération » face à Donald Trump et Joe Biden, respectivement âgés de 77 et 81 ans. Nikki Haley avait d’ailleurs remis en question en début d’année la capacité mentale de Trump à gouverner.

Après l’abandon du gouverneur de Floride Ron DeSantis en janvier dernier, Nikki Haley n’était plus que la seule véritable candidate à faire face à Trump. Ryan Binkley était alors toujours dans la course, avant de jeter l’éponge deux mois plus tard.

Mais progressivement, Nikki Haley s’est vue effacer des tablettes dans ces primaires. Les défaites se sont accumulées ces dernières semaines face à Trump, y compris une cuisante dans son propre État, la Caroline du Sud. Elle ne revendique que deux maigres succès, dans deux petits États (District de Columbia (Washington D.C.) et Vermont), contre 23 pour son rival, qui a mis la main sur la Californie et le Texas.

Pour Donald Trump, la candidate n’existait déjà plus dès mardi soir, puisqu’il n’a même pas mentionné une seule fois son nom dans sa prise de parole post-Super Tuesday, consacrant toutes ses attaques à Joe Biden, son rival très probable dans huit mois.

Encore une infime chance

Nikki Haley a aussi été lâchée financièrement par le groupe Americans For Prosperity (AFP) fondé par les célèbres milliardaires frères Koch, qui a annoncé le 25 février suspendre ses donations au lendemain de sa défaite en Caroline du Sud.

Malgré tous ces vents contraires, un scénario pouvait expliquer son obstination à ne pas abandonner. En se plaçant en position d’attente, Nikki Haley pouvait et peut toujours espérer qu’un imprévu se mette en travers de la route de Donald Trump d’ici le mois de novembre. En ligne de mire, les procédures judiciaires à venir pour l’ancien président. Ce dernier doit ouvrir le bal de ses procès de 2024 fin mars dans l’affaire de la falsification de ses comptes de campagne.

L’hypothèse selon laquelle Donald Trump pourrait être condamné avant la présidentielle n’est pas à écarter totalement. Or, nombre de sondages montrent que le soutien à la candidature de l’ancien dirigeant s’effriterait considérablement s’il venait être reconnu coupable dans un de ses procès. Malgré tout, celui-ci a repris du poil de la bête avec sa victoire éclatante en début de semaine face à la Cour suprême du Colorado, qui l’avait déclaré « inéligible ».

Un éventuel souci de santé de Donald Trump, âgé de 77 ans, peut aussi être une des options envisagées par le camp Haley. Mais même en cas de retrait surprise de Donald Trump, la désignation de Nikki Haley comme candidate de son parti ne serait pas automatique.

Sans entrer dans trop de détails techniques, le choix du candidat républicain pourrait revenir à des responsables du parti, qui sont nombreux à la haïr, estimant qu’elle a trahi Trump en se présentant à cette élection. Après avoir insufflé une dynamique inattendue dans cette primaire, alors que beaucoup d’observateurs avaient imaginé une « finale » Trump-DeSantis, la page semble aujourd’hui bel et bien tournée pour Nikki Haley.

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