Coopération renforcée contre Boko Haram

YAOUNDE (Reuters) - Les présidents du Cameroun et du Nigeria ont annoncé jeudi leur intention de renforcer les échanges de renseignements et la coopération militaire le long de la frontière entre les deux pays, afin de lutter contre les islamistes de Boko Haram. Paul Biya et Muhammadu Buhari ont diffusé une déclaration conjointe au terme de la première visite du président nigérian au Cameroun depuis son élection, en mars dernier. Ils ont affirmé leur soutien au projet de force régionale anti-Boko Haram. Le Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin doivent participer à cette force de 8.700 hommes mandatée par l'Union africaine. "Les deux chefs d'Etat notent avec satisfaction l'affaiblissement des capacités opérationnelles de Boko Haram", lit-on dans le communiqué conjoint publié en français. Les deux chefs d'Etat y expriment "leur détermination commune" à mettre un terme à l'action de Boko Haram et annoncent dans ce cadre, leur intention de rendre plus efficace le partage de renseignements entre les services de sécurité des deux pays. La "force d'intervention conjointe multinationale", dont le quartier général est à N'Djamena, la capitale tchadienne, aurait dû commencer ses opérations ces jours-ci mais des problèmes de financement ont retardé son déploiement. Avant son départ de Yaoundé, le président nigérian a déclaré à la télévision camerounaise attendre une aide en matière de formation et d'équipement, conformément au "promesses faites par le G7" d'aider la région à vaincre Boko Haram. Paul Biya n'a accepté aucune question. Selon certains observateurs, il ne faut pas s'attendre à une activité militaire de grande envergure avant la fin de la saison des pluies, en septembre ou en octobre. Dans la région camerounaise de l'Extrême-Nord, trois attentats suicide de Boko Haram ont fait au moins 60 morts ce mois-ci. Les autorités locales ont ordonné la fermeture de certaines mosquées et interdit le port de la burqa. Au Nigeria, depuis l'investiture de Muhammadu Buhari, il y a deux mois, les attaques de Boko Haram ont fait au moins 600 morts. La rencontre de jeudi avait pour objectif d'aplanir les relations difficiles entre les deux pays, aux prises avec un différend frontalier qui a tourné au conflit en 1993. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, n'a pas assisté à la prise de fonctions de Muhammadu Buhari, tandis que le voyage du président nigérian au Cameroun intervient deux mois après sa visite au Tchad et au Niger. Paul Biya et Muhammadu Buhari ont décidé de se revoir mais n'ont pas donné de date. (Daniel Flynn, Jean-Stéphane Brosse et Danielle Rouquié pour le service français)