Nigeria : «Sur cinq kilomètres, je n'ai pas arrêté de marcher sur des cadavres»

Un quartier de Baga incendié après deux jours d'affrontement entre la Joint task Force et Boko Haram, le 21 avril 2013.

Un témoin, qui a survécu samedi 3 janvier à une attaque de Boko Haram près du lac Tchad, témoigne de la violence du groupe islamiste.

Des tirs, des hurlements, puis une fuite nocturne à travers la brousse jonchée de cadavres. Yanaye Grema est resté terré trois jours pendant que les combattants de Boko Haram ravageaient sa ville de Baga, sur les rives nigérianes du lac Tchad. Samedi 3 janvier, la milice d’autodéfense de ce pêcheur de 38 ans venait d’être défaite par la puissance de feu du groupe islamiste, lancé dans une vaste et sanglante offensive contre plusieurs localités de l’extrême nord-est du Nigeria.

Caché entre un mur et la maison de son voisin, protégé par le feuillage d’un margousier, Yanaye Grema écoutait le massacre se dérouler autour de lui. «Tout ce que j’entendais c’était des tirs d’armes à feu, des explosions, des hurlements, et les "Allah Akbar" des combattants de Boko Haram», raconte-t-il à l’AFP par téléphone depuis Maiduguri. «Chaque nuit j’escaladais la palissade de ma maison pour avaler rapidement des graines de manioc, boire de l’eau, et ensuite je retournais dans ma cachette.»

«Certains hommes de Boko Haram campaient près du marché principal de Baga, à quelque 700 mètres à peine de ma cachette», explique-t-il. «La nuit je pouvais voir la lumière de leur générateur. J’entendais aussi des acclamations et des rires.»

Evasion

Lundi, le nombre de combattants en patrouille a diminué. La ville n’était plus aussi quadrillée, offrant au pêcheur une fenêtre d’évasion. «Mardi, ils ont commencé à piller le marché et toutes les maisons de la ville. Vers 18h, ils ont mis le feu au marché et ont commencé à incendier des maisons. J’ai décidé qu’il était temps de partir avant qu’ils ne se dirigent dans ma direction. Vers 19h30, je me suis hasardé hors de ma cachette et j’ai commencé à partir dans la direction opposée au bruit des islamistes. Il faisait sombre, donc personne ne pouvait me voir.»

Ce n’est qu’en quittant sa cachette que le pêcheur réalise (...)

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