Niger : devant l’ambassade de France à Niamey, des milliers de manifestants pro putschistes se réunissent

NIGER - « Vive Poutine ! », « vive la Russie ! », « à bas la France ! ». Des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France ce dimanche 30 juillet à Niamey, avant d’être dispersées par des grenades lacrymogènes, a constaté un journaliste de l’AFP, lors d’un rassemblement de soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum au Niger.

Avant les tirs de grenades lacrymogènes, quelques soldats s’étaient interposés devant l’ambassade pour calmer les manifestants, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. Certains ont insisté pour entrer dans le bâtiment, tandis que d’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur le goudron et de la remplacer par des drapeaux russes et nigériens.

L’un des soldats, debout dans un pick-up, a salué la foule qui scandait « Russie, Russie, Russie ! », « vive l’armée nigérienne ! » et « Tiani, Tiani, Tiani ! », le nom du président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, la junte), Abdourahamane Tchiani.

La France, alliée du Niger pour la lutte antijihadiste et le développement, et qui y compte 1 500 soldats, avait annoncé samedi suspendre ses aides. Les pays d’Afrique de l’Ouest ont également ordonné un blocus économique du Niger alors que les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se sont réunis à Abuja ce dimanche.

À l’issue de cette réunion, ces pays ont posé un ultimatum aux putschistes : celui de restaurer l’ordre constitutionnel. Ils affirment ne pas exclure un « recours à la force » si leur demande n’est pas satisfaite dans un délai d’une semaine. Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno est également arrivé dimanche à Niamey ce dimanche pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise ».

Réponse ferme de l’Élysée

Une situation de plus en plus tendue qui a poussé l’Élysée à réagir ce dimanche. Emmanuel Macron « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », a déclaré la présidence française, en annonçant que la France répliquera « de manière immédiate et intraitable » en cas d’attaque contre ses ressortissants.

La France « soutient toutes les initiatives régionales » en vue de restaurer l’ordre et le retour de Bazoum a encore dit l’Élysée alors que le ministère français des Affaires étrangères a condamné « toute violence contre les emprises diplomatiques dont la sécurité relève de la responsabilité de l’État hôte ».

« Les forces nigériennes ont l’obligation d’assurer la sécurité de nos emprises diplomatiques et consulaires au titre des Conventions de Vienne », et « nous les appelons instamment à remplir cette obligation que leur impose le droit international », souligne également le Quai d’Orsay.

Invitée sur RTL, Catherine Colonna a indiqué ce dimanche que les Français au Niger « ont tous été contactés », avant d’ajouter : « En amont, des mesures de précaution sont prises comme toujours dans ce type de situation. Ces mesures seront renforcées si c’était nécessaire, mais il n’y a pas de décision d’évacuation au moment où je vous parle. »

Le président Mohamed Bazoum toujours séquestré

Les manifestations survenues ce dimanche avaient pourtant été interdites par la junte. Quelques personnes se sont dirigées vers l’ambassade des États-Unis, dont le secrétaire d’État a assuré le président renversé du soutien « indéfectible » de Washington.

La manifestation avait débuté par une marche en direction de l’Assemblée nationale, la foule brandissant des drapeaux russes et nigériens. Le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane de l’armée française au Sahel et au Sahara, a lancé l’appel à manifester.

Deux marches pro putschistes ont eu lieu à Niamey et à Dosso (à une centaine de kilomètres au sud-est la capitale) jeudi, la première ponctuée d’incidents, avant que la junte n’appelle « la population au calme » et interdise les manifestations.

Le président déchu Mohamed Bazoum, élu en 2021, entame sa cinquième journée séquestré dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tiani, est le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda, est le troisième pays de la région à subir un coup d’État depuis 2020.

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre en Ukraine : à Moscou, la Russie dit avoir déjoué une nouvelle attaque de drones ukrainiens

Joe Biden reconnaît publiquement l’existence de sa petite-fille Navy, l’enfant de son fils Hunter