Le Niger accuse les États-Unis : “Ils ont laissé les terroristes nous attaquer”

“Les Américains sont restés sur notre sol, mais n'ont rien fait pendant que les terroristes tuaient des gens et incendiaient des villes. Ce n'est pas un signe d'amitié de venir sur notre territoire et de laisser les terroristes nous attaquer. Nous avons vu ce dont les États-Unis sont capables pour défendre leurs alliés, comme l’Ukraine et Israël.”

Ali Lamine Zeine

Premier ministre nigérien

“Les menaces américaines ont conduit à la rupture de liens militaires vitaux”, titre The Washington Post, en résumé d’un entretien avec le Premier ministre nigérien publié le 14 mai.

Ces menaces qui, selon Ali Lamine Zeine, ont fait basculer la relation américano-nigérienne auraient été énoncées à la mi-mars à Niamey, lors de rencontres entre officiels nigériens et une délégation américaine, composée notamment de Molly Phee, secrétaire d’État adjointe chargée des affaires africaines, et du patron du Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom), le général Michael Langley.

Dans la foulée de ces échanges, Niamey a dénoncé ses accords de coopération militaire avec Washington. Ali Lamine Zeine affirme aujourd’hui que la responsabilité de cette décision incombe aux États-Unis.

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Selon son récit, de nombreux propos tenus par les hauts fonctionnaires américains ont déplu. Sur la forme (il est question de “condescendance” et de “manque de respect”), et sur le fond, entre la façon “inacceptable” de “dicter” le choix des pays avec lesquels le Niger peut nouer des partenariats et le manque de transparence sur les opérations des forces américaines au Niger.

“Pouvez-vous imaginer que la même chose se produise aux États-Unis ?” aurait demandé Lamine Zeine à Molly Phee.

Le dossier iranien a aussi créé des tensions. Alors qu’une délégation nigérienne s’est rendue à Téhéran en janvier, Molly Phee “a accusé le gouvernement nigérien d’avoir conclu un accord pour vendre de l’uranium extrait au Niger à l’Iran, qui pourrait l’utiliser dans le cadre de son programme nucléaire”, puis a menacé Niamey de sanctions. Une allégation mensongère, selon Ali Lamine Zeine, qui assure qu’un tel accord aurait été signé non “sous la table, mais devant les caméras”.

Enfin, “il ajoute que le Niger ne se serait pas tourné vers la Russie et d’autres pays pour obtenir de l’aide si les États-Unis avaient répondu à ses demandes de soutien supplémentaire, notamment pour des avions, des drones et un système de défense aérienne”, résume le Washington Post. Des remarques qui, selon le quotidien, “ont révélé l’ampleur du fossé qui sépare les deux pays”. Dans un chassé-croisé symbolique, les troupes russes et américaines occupent désormais les deux extrémités respectives d’une même base aérienne à Niamey, note le journal.

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