Nicole Belloubet ministre de l’Éducation nationale, un retour aux sources pour l’ex-professeure et rectrice
POLITIQUE - Le bon CV pour sortir du bourbier ? Après plusieurs jours de rumeurs et d’atermoiements, Nicole Belloubet a été nommée ministre de l’Éducation nationale ce jeudi 8 février. Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans des polémiques à répétition, garde uniquement son portefeuille des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques.
C’est un retour aux affaires pour Nicole Belloubet, 69 ans. Ancienne membre du conseil constitutionnel, elle était garde des Sceaux dans le gouvernement d’Édouard Philippe (entre juin 2017 et juillet 2020) ; après avoir succédé à François Bayrou, elle avait porté les lois sur la moralisation de la vie publique ou la création du parquet national antiterroriste.
Elle « connaît très bien le ministère (de l’éducation), c’est une professeur de droit. Elle a par ailleurs été élue local à la mairie de Toulouse (...) elle saura porter notre feuille de route au ministère de l’éducation nationale », a expliqué le Premier ministre Gabriel Attal sur France 2, dans la foulée de cette nomination encore inattendue il y a quelques jours.
Rectrice des académies de Limoges et Toulouse
Le profil idéal, vraiment ? Avant ce passage au ministère de la Justice - et un bilan contrasté selon les magistrats et avocats - la juriste a en tout cas occupé plusieurs fonctions dans l’enseignement dont l’expérience lui sera fort utile rue de Grenelle où elle sera la cinquième ministre depuis 2017, la quatrième en sept mois. Elle a comme mission de retisser un lien étiolé avec les enseignants, tout en menant à bien le projet déjà esquissé par Emmanuel Macron et Gabriel Attal.
En l’occurrence, Nicole Belloubet - ancienne membre du Parti socialiste - fut rectrice des académies de Limoges et Toulouse pendant 8 huit ans, entre 1997 et 2005, année lors de laquelle elle démissionne avec fracas. Son but : dénoncer le manque de moyens octroyés par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
Dans une lettre aux chefs d’établissement, Nicole Belloubet expliquait ne plus trouver la « force de conviction suffisante ». Elle déplorait, de la part de l’exécutif, une absence de cohérence « entre des ambitions affichées et des actes posés concrètement ». Un geste apprécié à l’époque par les syndicats enseignants, lesquels se plaignent souvent du manque de soutien de leur hiérarchie.
Vice-présidente de région, chargée de l’éducation
En parallèle de ses fonctions dans l’enseignement, cette Parisienne très attachée à ses racines aveyronnaises, a mené une carrière politique à Toulouse. Elle a notamment été première adjointe au maire socialiste Pierre Cohen, entre 2008 et 2010. Puis, première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées chargée de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Depuis le début de son engagement public, Nicole Belloubet a également porté une attention particulière aux sujets concernant les femmes au sein de l’éducation nationale. De 2000 à 2005, elle préside un comité interministériel de pilotage « pour la promotion de l’égalité des sexes dans le système éducatif ». Elle a aussi rédigé un rapport sur la « lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans les établissements scolaires ».
Déjà visée par la droite
Un CV bien rempli donc, mais qui pourrait aussi se transformer en handicap. Ces différentes fonctions, au ministère de la Justice ou sur le front de l’éducation, l’ont effectivement amené à prendre des positions qui ne manqueront pas de ressortir dans le débat public.
Certaines apparaissent en contradiction avec le projet porté aujourd’hui par Emmanuel Macron et Gabriel Attal pour l’école. Elle avait par exemple parlé de « fariboles » en 2016 pour moquer l’uniforme et le retour de l’autorité dans les classes, pourtant désormais érigés en priorité par le couple exécutif. De quoi provoquer les premières critiques de la droite et de son extrême.
Alors que Bruno Retailleau déplore l’arrivée d’une « des ministres de la justice les plus laxistes de la Ve République » rue de Grenelle, Jordan Bardella, le président du Rassemblement national regrette un « signal désastreux » pour l’éducation nationale en attribuant à la ministre une « culture de l’excuse. »
Abandon de Mila menacée par la meute islamiste, laxisme, culture de l'excuse : la nomination de la socialiste @NBelloubet à l'Education nationale est un signal désastreux, au moment où l'Ecole aurait besoin d'un sursaut pour être sauvée.
Le macronisme est en bout de course.— Jordan Bardella (@J_Bardella) February 8, 2024
« On peut avoir pris des positions par le passé et évoluer », a déjà répondu le Premier ministre, à distance, sur France 2, prenant soin de préciser que Nicole Belloubet allait « porter la ligne du président de la République et du gouvernement ». La ligne, rien que la ligne.
À voir également sur Le HuffPost :
Élisabeth Borne choisit sa circonscription du Calvados pour sa première sortie de députée