Nicolas Sarkozy bientôt jugé dans l’affaire des soupçons de financement libyen ?

Le PNF a requis un procès à l’encontre de l’ancien chef de l’État, notamment pour corruption passive, association de malfaiteurs et financement illégal de campagne électorale.

POLITIQUE - De retour devant les juges ? Le parquet national financier a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour l’ex-président Nicolas Sarkozy et douze personnes dans la retentissante affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a appris l’AFP ce jeudi 11 mai de source proche du dossier.

D’après cette source, le PNF demande à ce que l’ancien chef de l’État (2007-2012) soit jugé pour corruption passive, association de malfaiteurs, financement illégal de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens.

Nicolas Sarkozy a toujours vigoureusement contesté les faits. Sa défense n’était pas joignable dans l’immédiat. Il revient désormais aux deux juges d’instruction chargés de ce dossier tentaculaire, ouvert depuis avril 2013, d’ordonner ou non un procès devant le tribunal correctionnel de Paris et, le cas échéant, pour quelles infractions. En tout, treize personnes ont été mises en examen au cours des dix années d’investigations menées par l’Office anticorruption (Oclciff) sous l’égide de magistrats financiers.

L’infraction d’association de malfaiteurs suggère que Nicolas Sarkozy a sciemment laissé ses proches collaborateurs, ses soutiens politiques et des intermédiaires « agir afin d’obtenir ou tenter d’obtenir » auprès du régime de Mouammar Kadhafi « des soutiens financiers en vue du financement de sa campagne électorale 2007 », à raison de plusieurs millions d’euros.

Woerth, Hortefeux, Guéant également dans le viseur du PNF

Parmi les douze autres personnes pour lesquelles le PNF demande un procès figurent Claude Guéant, ancien bras-droit du chef de l’Etat et ex-ministre, Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle de 2007 désormais député Renaissance, et Brice Hortefeux, homme de confiance de Nicolas Sarkozy et ancien ministre.

« Sur les 429 pages du réquisitoire, j’observe que la mise en cause de Claude Guéant ne repose pas sur la moindre preuve, le moindre témoignage sérieux ni la moindre concordance d’indices », a réagi auprès de l’AFP Philippe Bouchez El Ghozi, l’avocat de Claude Guéant.

Deux hommes d’affaires, le Franco-libanais Ziad Takieddine et le Franco-algérien Alexandre Djouhri, soupçonnés d’avoir servi d’intermédiaires, comptent également parmi les mis en cause.

Une information judiciaire avait été ouverte en avril 2013 après des accusations de dignitaires libyens, de Ziad Takieddine et la publication par Mediapart, entre les deux tours de la présidentielle 2012, d’un document censé prouver que cette campagne avait bénéficié de fonds libyens.

Témoignages, notes des services secrets de Tripoli, accusations d’un intermédiaire, mouvements de fonds suspects... Les magistrats ont réuni une somme d’indices troublants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne de l’ancien président ou son entourage auraient bénéficié de fonds libyens.

Mais le camp Sarkozy le conteste depuis le début et a multiplié les recours, en vain, pour obtenir l’annulation des poursuites. "Vous n’avez ni les preuves de l’arrivée, ni les preuves de la sortie concernant l’argent (...) Où est l’argent ?« , s’était défendu fin 2020 l’ex-chef de l’Etat, lors d’un interrogatoire.

Lire sur le HuffPost

VIDÉO - "J'ai été écouté pendant cinq ans avec le président Sarkozy par la NSA", assure François Fillon