Nicolas Philibert : « L’univers de la psychiatrie, c’est un miroir grossissant de notre société »

Muriel et les soignants bricoleurs venus l'aider à réparer son lecteur de CD dans La Machine à écrire, de Nicolas Philibert.  - Credit:Les Films du Losange
Muriel et les soignants bricoleurs venus l'aider à réparer son lecteur de CD dans La Machine à écrire, de Nicolas Philibert. - Credit:Les Films du Losange

Voici Patrice, un homme qui écrit un poème par jour depuis plusieurs décennies. Il en a chez lui des centaines, des milliers, bien rangés dans des dossiers qui débordent de mots. Son rituel est simple : il écrit à la main, plutôt le matin, et le soir venu transcrit son œuvre à la machine à écrire. Alors, quand la machine en question s'enraye, le retard s'accumule, et c'est la panique.

Heureusement que Patrice sait vers qui se tourner : les soignants de l'Adamant. Cette péniche parisienne amarrée sur la rive droite de la Seine accueille un centre de jour pour les personnes souffrant de troubles psychiques. Walid et Jérôme, un infirmier et un ergothérapeute, qui ont en plus de leurs compétences un vrai talent de bricoleur, offrent leurs services aux patients qui en ont besoin.

La Machine à écrire et autres sources de tracas arrive après Sur l'Adamant – sorti il y a un an – et Averroès et Rosa Parks (toujours en salle), deux films tournés par Nicolas Philibert dans l'univers du soin psychiatrique. Ce film plus court (1 h 12) et plus léger dans son ton fonctionne comme un post-scriptum à cette trilogie d'une force exceptionnelle.

Le cinéaste semble y récapituler les grandes lignes de ces deux films : l'idée que le soin psychiatrique passe d'abord par l'écoute, le temps partagé, le respect mutuel ; une certaine fascination pour la créativité, la sensibilité des patients ; l'espoir de sauver un secteur que l'on sait saturé et en manque terrible de moyens. Autant de [...] Lire la suite