Nicolas Mathieu compare l’allocution de Macron à un « PV de comité d’entreprise »

L’écrivain français Nicolas Mathieu, titulaire du Prix Goncourt 2018, a réagi dans une publication Instagram à l’allocution d’Emmanuel Macron, mardi 18 avril.
L’écrivain français Nicolas Mathieu, titulaire du Prix Goncourt 2018, a réagi dans une publication Instagram à l’allocution d’Emmanuel Macron, mardi 18 avril.

POLITIQUE - « Hier, en écoutant l’allocution du président, je me suis subitement retrouvé en terrain archi connu. » Nicolas Mathieu, écrivain français multirécompensé pour ses œuvres, a réagi, ce mardi 18 avril dans une publication Instagram, à l’allocution prononcée par Emmanuel Macron après la promulgation de la réforme des retraites.

Pour lui, pas de doutes : dans son adresse aux Français lundi soir, le chef d’État s’est exprimé comme s’il rédigeait un « PV d’entreprise ». Une activité que l’auteur connaît bien, puisqu’il a lui-même été greffier de réunions de comité d’entreprise.

« Des années durant, j’ai rédigé des PV de comités d’entreprise. Ce travail difficile, méconnu et presque toujours ingrat », qui consiste « à retranscrire de manière plus ou moins exhaustive les propos que tenaient direction et représentants du personnel au cours de réunions où se discutaient des questions intéressant leur entreprise », débute Nicolas Mathieu sur Instagram.

Or, lors de cette allocution du président, « tout y était », souligne le lauréat du Prix Goncourt en 2018 pour Leurs enfants après eux (Actes Sud). « Le “je prends bonne note de vos demandes” qui n’engage à rien. Le bilan vite brossé qui n’infléchit pas les orientations stratégiques de la boîte. Les slides abstraits et généralistes qui ne mangent pas de pain. Les déclarations d’intention vagues qui promettent du mieux sans jamais décliner de mesures pratiques », énumère-t-il.

Emmanuel Macron, juge Nicolas Mathieu, a adopté un « ton rappelant à la fois le vestiaire à la mi-temps et le jamboree scout, galvanisant en théorie, cherchant à coaliser les troupes et asseoir l’idée fausse dès le départ et jamais réalisée que « tous ensemble » nous poursuivons les mêmes visées. » Pourtant au final, le locataire de l’Élysée n’a fait que « l’énoncé d’une sorte de feuille de route efficace semblant aller de soi, englobant tout et ne tranchant sur rien », déplore-t-il.

Un « grave moment de bullshit œcuménique »

Malgré sa volonté de proposer une sortie de crise, le chef d’État français n’aura finalement proposé aux Français qu’un « grave moment de bullshit œcuménique », tacle l’écrivain, pour qui ce discours et sa conclusion (« J’ai confiance en vous. J’ai confiance en nous ») étaient dignes « d’un mail de service RH après compression de la masse salariale. »

« En somme, le plan “Next” et ses “100 days of payback” (« 100 jours de remboursement », en français) avec son organisation en silos ne m’a qu’à demi-convaincu », ironise Nicolas Mathieu, dans une référence aux trois nouveaux chantiers (sur le travail, la justice et le progrès) qu’Emmanuel Macron souhaite lancer dans les 100 prochains jours afin de sortir de la crise liée à la réforme des retraites.

Ce n’est pas la première fois que Nicolas Mathieu se montre critique de la politique d’Emmanuel Macron et de la réforme des retraites. En mars dernier, dans une tribune publiée sur Mediapart, il avait interrogé la pratique du pouvoir de ce président « légitime comme la terre est plate », qui a été élu « deux fois mais sans peuple véritable pour soutenir sa politique de managers ». Des propos jugés « injustes », « insultants » voire « méprisants » par le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire.

Les opposants au président de la République ont, comme Nicolas Mathieu, multiplié les critiques à son encontre après la diffusion de son allocution (visionnée en direct par près de 15,1 millions de personnes, selon Médiamétrie). Nombreux lui reprochent, en plus d’être en proie à « l’immobilisme », d’être « déconnecté » dans son rapport aux Français. Son discours a par ailleurs déclenché des « concerts de casseroles » dans de nombreuses villes de France en forme de contestation.

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