Nicolas Delvin, ancien toxicomane : "Imaginez une grippe puissance 10 000, j'avais mal partout, mes bras bougeaient tout seuls"
Alcool, drogues, sexe, alimentation, jeux d’argent ou jeux vidéo… Pour "Addict.e.s", sur Yahoo, anonymes et célébrités ont accepté de briser le tabou de la dépendance. Ils racontent la spirale infernale de l’addiction, l’impact souvent destructeur sur l’ensemble des sphères de leur vie, et le chemin, souvent long et douloureux, vers la sobriété.
Nicolas Delvin a connu l’enfer de l’héroïne pendant dix ans. C’est finalement la prison qui l’a aidé à décrocher, un endroit où il a été incarcéré pendant plusieurs mois à la suite d’un braquage. Pour Yahoo, cet ancien toxicomane, dont la vie aurait pu s’arrêter net, a accepté de raconter son histoire. Un témoignage poignant.
Il a réussi à s’en échapper. Accro à la cocaïne et à l’héroïne pendant des années, Nicolas Delvin a fini par tirer un trait définitif sur ses addictions après de multiples essais infructueux. Cet ancien toxicomane, au parcours chaotique, a réussi à se sortir de cet engrenage grâce à son séjour en prison. Désormais marié et père de famille, cet Isièrois espère que son témoignage permettra de sensibiliser les plus jeunes aux dangers de la drogue (Retrouvez l'intégralité de l'interview en fin d'article).
"Ce sont des moments que j’ai perdus. À l’époque, seule ma consommation me tracassait"
Nicolas Delvin revient de loin. Comme il le raconte, c’est à l’adolescence qu’il tombe dans cette spirale infernale. Tout comme de nombreux autres garçons de son âge, il essaye la marijuana et fume avec ses amis à ses heures perdues. Mais de fil en aiguille, sa curiosité et l’effet de groupe le poussent à essayer d’autres produits illicites comme la cocaïne et l’héroïne, deux substances addictives considérées comme "très dangereuses". Sans qu’il ne s’en rende compte, sa consommation augmente, et très vite, le jeune homme se coupe des siens, une attitude qu’il regrette encore amèrement. "Je n’allais plus voir mon père", se souvient-il avec tristesse tout en confiant qu’il était aujourd’hui décédé. "Ce sont des moments que j’ai perdus. À l’époque, seule ma consommation me tracassait".
Une consommation qui a, sans grande surprise, généré de la dépendance et donc un manque physique. "Imaginez une grippe puissance 10 000", explique-t-il tout en énumérant les symptômes dont il a été victime. "J’avais chaud, froid, mal à la tête. J’étais pris de vomissements, de diarrhée, j’avais très mal dans le dos, dans les jambes et mes bras bougeaient tout seuls". Conscient du problème, il décide donc de se rendre chez son médecin et lui avoue être accro à l’héroïne. De là, débute son traitement à la méthadone, un médicament de substitution aux opiacés qui se révèle inefficace.
"Les conséquences auraient pu être dramatiques"
Lors de toutes ses années de débauche, le jeune homme tombe bien bas pour subvenir à ses besoins. "Je faisais des crédits, des petits vols et j’extorquais un peu mes proches", se rappelle-t-il, conscient de leur avoir fait du mal. Mais là n’est pas le pire. Rapidement, Nicolas Delvin passe un cap dans la délinquance et commence à faire des braquages et des vols à main armé avec un couteau-scie. "Fort heureusement, je n’ai pas utilisé de pistolet car dans la panique j’aurais pu tirer et les conséquences auraient pu être dramatiques".
Malgré tout, il n’a pas pu éviter la police bien longtemps. Son dernier braquage dans une boulangerie, implantée à une centaine de mètres de son lieu de travail, vire au cauchemar. Le jeune homme se fait rattraper par la justice. "Cela faisait des années que je m’y rendais régulièrement mais j’avais arrêté d’y passer pendant deux ou trois mois. Jamais je n’aurais pensé que la gérante me reconnaitrait". Interpellé et condamné à deux ans et demi de prison, à l’âge de 28 ans, Nicolas comprend vite qu’il doit assumer les conséquences de ses actes. Dans son malheur, c’est finalement la meilleure chose qui lui soit arrivée.
"J’ai failli passer l’arme à gauche"
La case prison a été en quelque sorte son salut. Une incarcération qui a eu l’effet d’un électrochoc. "Là-bas, lorsque vous tournez la tête à gauche et à droite et lorsque vous regardez devant vous, vous ne voyez que des murs de brique". Des conditions de détention qui lui ont permis de se rendre compte, assez vite, de la chance qu’il avait d’être dehors et encore en vie. Car comme il le rappelle, d’autres n’ont pas eu le même destin. "Plusieurs de mes amis sont décédés de la drogue. J’aurais aimé qu’ils connaissent le même sort que moi", confie-t-il, se félicitant du chemin parcouru.
"Je suis fier car j’ai réussi à m’en sortir au bon moment. J’ai failli passer l’arme à gauche. J’avais une consommation vraiment excessive", reconnait-il tout en soulignant l’inefficacité des centres de désintoxication sur lui. "À ma sortie, c’était plus fort que moi, je reconsommais". Désormais marié et père de famille, Nicolas Delvin a tout pour être heureux. Il le sait : il ne touchera plus jamais à la drogue même s’il reconnait ressentir toujours l’envie. La prudence est donc toujours de mise malgré les années d’abstinence.
Retrouvez l'intégralité de l'interview de Nicolas Delvin :