«le roi, par définition ne pouvait avoir de défaut»

Sans David Seidler, le Discours d’un roi n’aurait vraisemblablement jamais vu le jour. A 73 ans, le scénariste d’origine anglaise, qui a émigré très jeune aux Etats-Unis, a été l’ami de Thomas Pynchon à la Cornell University, est tombé dans la dèche après l’insuccès du Tucker de Coppola qu’il avait écrit, surmonté un cancer, a porté le projet de bout en bout. Ancien bègue, il écoutait George VI à la radio quand il était tout petit et a commencé ses recherches sur le film il y a plus de trente ans. Le Discours d’un roi raconte une incroyable histoire. Pourquoi Hollywood n’a-t-il pas mis la main dessus plus tôt ? C’est tout simplement une histoire qui n’est pas très connue. On aurait pu imaginer aussi que l’industrie du film britannique s’en empare, mais la famille royale n’aimait pas que l’on parle du «bègue royal». Très peu de choses ont été écrites ou dites sur le sujet. Durant la Seconde Guerre, les Anglais savaient que leur roi bégayait et cela donnait encore plus de force aux discours qu’il délivrait à la radio. Les gens savaient que George VI pouvait trébucher sur un mot à chaque instant, et le fait qu’il parvenait au bout de son texte leur donnait du courage pour traverser cette période difficile… Moi-même, quand j’étais petit, alors que mes parents venaient d’émigrer vers les Etats-Unis, j’écoutais ces discours. Comme je bégayais, George VI était devenu l’un de mes héros. Il faut comprendre que c’était une époque où le président des Etats-Unis, qui avait la polio, ne montrait jamais ses jambes en public. Le bégaiement était un signe de faiblesse. On parlait d’un «défaut de langage», et le roi, par définition, ne pouvait avoir de «défauts». Vous avez commencé vos recherches très tôt ? J’ai commencé à bégayer à 3 ans. Et parce que je me souvenais des interventions radio de George VI, je me suis toujours dit quand je suis devenu