«New Moon», cabaret survolté

Partant du club de rock des années 80 qu’il a fréquenté dans sa jeunesse, David Dufresne explore les strates historiques d’un haut lieu de la nuit à Pigalle, peuplé de punks, d’effeuilleuses, d’artistes et de mafieux.

On est à Pigalle en 1987. Pigalle n’est déjà plus Pigalle, mais il est dans son ADN de déchoir. Le commerce du sexe, de la drogue et du crime fait un peu de place à une autre ritournelle ; la nuit, ça sent la cigarette et la sueur au New Moon, «le plus grand des petits clubs rock». A moins que les groupes, depuis le «parterre de carreaux lumineux» qui délimite la scène, aspergent le public de parfums divers et avariés. La salle ne fait que 106 m2, il faut apprécier le coude à coude et la chaleur humaine. David Dufresne, 20 ans en avril 1988, parisien depuis 1986, situe l’acmé de sa jeunesse ici, en haut de la rue Pigalle, au numéro 66.

New Moon, café de nuit joyeux : le titre du livre s’inspire d’une publicité ancienne, celle de l’établissement qui s’installa à cette adresse en 1905, le Monico Bar, où se produisait Liette d’Orian. Dans l’aristocratie pigallienne, qui compte des princes d’élection, de vrais barons et une seule impératrice, Hélène Martini, Liette (dite la Moniquette) était la reine du tango one step. Elle chantait aussi un vieux succès, Elle avait un p’tit cad’nas. Dufresne en fournit la clé. Son inventaire dit «à la découpe» est sous-titré «Tentative d’épuisement du 66, rue Pigalle (et de sa succursale au 9 de la place du même nom)». Un parrainage plus Perec que Modiano. Encore que l’auteur (un ancien de Libération), élevé par «un antiquaire libertaire», ait le goût des «photos jaunies», des listes : «Ces noms, ces dates, ces métiers me faisaient chavirer», écrit-il, quand il dépasse le cadre du seul New Moon pour enquêter dans les étages et les décennies. Sur Internet, aux archives de la Ville de Paris, au fond de la mémoire d’autrui et des boîtes à chaussures, Rouletabille «va à la pêche».

«On chine, on cherche, on trouve, on transmet.» (...)

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