« Si on ne va pas à Paris, on ira à Bruxelles » : une matinée avec les agriculteurs aux portes de la capitale
Un carton de croissants à la main, Franck Chardon s'avance vers les gendarmes. « Ils sont bons, nos croissants. Ils sont label rouge. Faits avec de la farine au Moulin de Gennevilliers, à quelques kilomètres de Paris. Mangez français ! » Les fonctionnaires déclinent d'un sourire poli. Dommage : pour les avoir goûtés, nous confirmons qu'ils sont bons. « On vous donne des croissants et, en échange, vous nous ouvrez le passage, d'accord ? » tente l'agriculteur face aux gendarmes entourés de blindés. La scène se passe ce mercredi, en plein milieu de l'autoroute A6, à hauteur de Chilly-Mazarin (Essonne), ville située à une vingtaine de kilomètres de Paris. Les blindés barrent la route à une centaine de mètres du convoi de tracteurs.
Sous leurs barnums, les agriculteurs fulminent, eux qui rêvaient de rejoindre la capitale. Ils lancent un barbecue fumant, s'adossent contre les ballots de foin et répondent aux duplex télévisés de reporters venus de l'Europe entière. Certains prennent des forces, affalés dans les cabines des tracteurs sur lesquels ont été apposées les pancartes : « Stop aux contraintes », « Les choix de nos politiques sont comme les jachères : inutiles » ou encore « Notre fin sera votre faim ». La veille, ils ont écouté avec attention le discours du Premier ministre, Gabriel Attal. Puis ils ont passé la nuit à se serrer les coudes, peu convaincus par ses propositions, voire carrément déçus. « Ce sont juste des papillotes pour Noël », tacle un agricu [...] Lire la suite