"Je ne pouvais rien faire": ce que la principale victime présumée de Jacques Bouthier a dit à la juge d'instruction

INFO BFMTV - Entendue par la justice le 27 octobre pendant plusieurs heures, la principale victime de Jacques Bouthier, la première à avoir dénoncé les faits, raconte l'engrenage mis en place par l'ancien patron d'Assu 2000.

Elle est celle qui a dénoncé les faits. Selon les informations de BFMTV, F., principale plaignante de l'affaire Jacques Bouthier, a été entendue par la justice fin octobre sur les accusations qu'elle porte contre l'ancien patron d'Assu 2000. L'une des plus grandes fortunes françaises avait été mise en examen et incarcérée en mars pour "traite d'êtres humains" et "viols sur mineure."

Devant la juge d'instruction fin octobre, F. a expliqué être arrivée en France depuis le Maroc à l'âge de 14 ans. Elle vivait alors dans un squat insalubre, sans lumière et sans douche, à quatre dans la même pièce avec son frère et ses parents. F. n'a alors qu'une seule idée en tête: fuir de chez elle.

À l'âge de 16 ans, elle demande à être hébergée chez Leila, l'une de ses cousines. Cette Leila va alors, selon les déclarations de la victime, lui présenter Jacques Bouthier, en lui disant qu'elle peut gagner 200 euros en passant une heure ou deux maximum avec lui.

"Je ne pouvais rien faire, je ne pouvais rien dire"

En 2016, F. rencontre donc Jacques Bouthier une première fois. Selon la jeune femme, l'homme d'affaire de 69 ans lui demande son âge, puis lui lance:

"Allez, déshabille toi. T'inquiète pas, je vais pas te prendre ta virginité, la virginité moi je m'en fous".

L'adolescente fond en larmes et le prédateur s'en va "fâché", affirmant qu'on lui a "gâché son temps." Une deuxième rencontre a lieu, où Leila enferme sa cousine et l'homme dans une chambre. Mais là encore, F. fond en larmes.

Ce n'est qu'à la troisième rencontre, dans un appartement de Bouthier, qu'il la touche et qu'elle lui fait une fellation. Le soixantenaire lui remet 200 euros qu'elle donnera ensuite à Leila.

F. verra Bouthier environ une fois par semaine. Elle explique qu'elle ne voulait pas déplaire à Leila par peur de devoir revenir chez ses parents. L'ancien patron d'Assu 2000 en profite et lui demande d'être à sa disposition en permanence, lui demandant même de sécher les cours.

En 2017, elle s'installe dans le fameux appartement de Noisy-le-Sec, prêté par Bouthier, où régulièrement elle couchera avec lui en échange d'argent.

"Je ne pouvais rien faire, je n'avais pas de parole, je ne pouvais rien dire", explique-t-elle

À chaque fois qu'elle se rendait chez lui en taxi, "je priais pour avoir un accident" dit-elle à la juge d'instruction. "À chaque fois, j'espérais que ce soit fini, que cette fois était la dernière", ajoute-t-elle.

La cousine de la victime nie en bloc

Entendu par la juge d'instruction en juillet dernier, Jacques Bouthier ne semblait pas voir de problème à ses agissements et à ces viols à répétition. "Si [l'une des plaignantes] m'avait donné à un moment l'impression que nos rapports lui pesaient, j'aurais cessé. Je me suis comporté comme un homme se comporte avec une femme, normalement", avait-il déclaré devant la justice.

L'ancien patron d'Assu 2000 a été mis en examen pour viols sur mineure de plus de quinze ans et traite d'être humains.

La cousine de F., Leila, est quant à elle mise en examen pour proxénétisme aggravé et a été placée en détention. Mais la jeune femme nie en bloc ces accusations: "Je ne sais pas d'où elle invente tout ça, mais elle est très forte. Spielberg à la marocaine."

Aujourd'hui, la plaignante se dit très marquée par ce qui s'est passé. Elle sort quasiment plus de chez elle, seulement pour voir une psychologue une fois par semaine. Elle dit ne pas imaginer son avenir en France car elle ne se sent pas en sécurité.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Jacques Bouthier accusé de "viols sur mineure" : la plaignante affirme avoir été "captive" à son domicile