"On ne nous a jamais écoutés": le témoignage du père de Nicolas, l'élève qui s'est suicidé à Poissy

Nicolas, 15 ans, s'est suicidé dans sa chambre à Poissy (Yvelines) lors de la rentrée scolaire. Son père Fred Nebot, a pris la parole pour partager sa colère et sa peine.

"On ne nous a jamais écoutés": le témoignage du père de Nicolas, l'élève qui s'est suicidé à Poissy

Moins d'un mois après la mort de Nicolas, victime de harcèlement scolaire, qui s'est suicidé à Poissy (Yvelines), son père prend la parole. Fred Nebot pleure depuis le 5 septembre la mort de son fils, qu'il raconte avoir malheureusement anticipée en le voyant lentement décliner sous l'effet du harcèlement. Il a témoigné ce lundi dans l'émission C à Vous sur France 5.

C'est en octobre dernier qu'un professeur l'a mis en garde, qu'il lui a expliqué que trois élèves faisaient de la vie de son fils un enfer. Des crachats, des insultes, des brimades.

"On lui disait, 't'es pas beau', 'personne ne t'aime', 'ta maman et ta soeur, c'est des...'", raconte le père.

En février, son fils a fait une première tentative de suicide. "Il n'avait plus envie de se battre, il avait complètement changé. Il a même dit à sa maman au mois de juillet 'je veux être enterré à Poissy'. Il dormait avec un couteau", se rappelle Fred Nebot.

L'ex-rectrice "devrait être sanctionnée"

Le sentiment d'injustice des parents a été renforcé par l'inaction du collège, pourtant plusieurs fois averti du calvaire de Nicolas. Ceux-ci ont même adressé des courriers recommandés pour alerter sur une future plainte.

En mai, le rectorat leur a répondu dans une lettre leur demandant "d'adopter une attitude constructive et respectueuse", évoquant un "supposé harcèlement" et rappelant aux parents ce qu'ils encourent en cas de fausses dénonciations.

Ce "courrier-poubelle", comme le qualifie Fred Nebot, aurait provoqué un déclic chez l'élève. "Quand il a vu ce courrier, dans sa tête, il faisait du mal à ses parents (...) dans ce courrier, on ne parlait même pas de harcèlement".

"On ne nous a jamais écoutés (...) Si dès le début des sanctions avaient été prises contre ces tueurs, on n'en serait pas là", se désole le père.

Charline Avenel, l'ex-rectrice de l'académie de Versailles, en poste lors de l'envoi du courrier, a pris la parole. Elle a présenté des excuses et expliqué n'avoir découvert ledit courrier que par la presse. "Depuis le début de l'année on ne parle que de harcèlement et elle n'était pas au courant? Son adjoint non plus? C'est de l'hypocrisie. Ce type de personnage devrait être sanctionné", lui répond le père de Nicolas.

"55 courriers semblent poser question"

Le ministre de l'Éducation, Gabriel Attal, s'est rendu lundi au rectorat de Versailles. Il y a annoncé que sur l'année 2022-2023, 120 courriers de réprobation ont adressé à des familles de l'académie. Dans cette liste, "55 semblent poser question", a-t-il constaté.

"Il y a eu une erreur, une faute, car ce courrier était adressé à des familles qui n'auraient pas dû le recevoir (...) Ce n'est pas acceptable", a appuyé le membre du gouvernement.

Ces mesures arrivent trop tard pour la famille de Nicolas. "J'en veux à l'institution, à tout ce monde-là, car moi, mon fiston, je ne vais plus le revoir. J'en veux à tout ce monde-là, ma vie est terminée", assure son père.

Article original publié sur BFMTV.com

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