"Je ne suis pas Jérôme Cahuzac": rémunéré par le fonds Marianne, Mohamed Sifaoui se défend

"Je ne suis pas Jérôme Cahuzac": rémunéré par le fonds Marianne, Mohamed Sifaoui se défend

Mis sur pieds en 2021 par Marlène Schiappa et ses équipes après l'assassinat de Samuel Paty, le fonds Marianne est depuis la publication de plusieurs enquêtes journalistiques au cœur d'interrogations, notamment sur la distribution des 2,5 millions d'euros de fonds publics dont il a été doté.

Avec pour objectif initial de lutter contre le séparatisme en ligne, le fonds aurait financé, selon Marianne et France 2, à hauteur de 355.000 euros l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), une association dont les contenus publiés en ligne n'ont été que très peu suivies, rémunérant au passage ses deux dirigeants à hauteur de 120.000 euros chacun.

"La mayonnaise n'a pas pris"

Invité de BFMTV ce mardi, le journaliste et écrivain Mohamed Sifaoui, l'un des deux dirigeants de l'USEPPM rémunérés grâce au fonds Marianne, a présenté sa défense.

"Je ne suis pas Jérôme Cahuzac", a-t-il estimé, indiquant que son association a en réalité reçu 266.250 euros de la part du fonds Marianne, et qu'il a "touché précisément 43.000 euros nets d'impôt sur 12 mois sur le fonds Marianne".

Quant au travail jugé sommaire fourni par l'USEPPM, Mohamed Sifaoui a indiqué ce mardi qu'il a "envoyé à l'administration, pas plus tard que ce week-end, 315 échanges de mails et de textos", qui prouveraient, selon ses dires, le travail fournit par son équipe, qui "travaillait au quotidien".

Pour lui, les faibles audiences rencontrées par ses vidéos s'expliquent par un problème stratégique, son association étant partie sur les réseaux sociaux "d'une feuille blanche". Tout en reconnaissant que "la mayonnaise n'a pas pris".

Proche du préfet chargé de la sélection des projets

Médiapart a de son côté révélé que le fonds Marianne avait versé 330.000 euros à l'association Reconstruire le commun, qui a publié plusieurs vidéos critiques notamment à l'encontre d'Anne Hidalgo. La maire de Paris a annoncé ce mardi qu'elle avait porté plainte contre X.

"Je tiens à le dire ici, je suis beaucoup plus proche d'Anne Hidalgo que de Marlène Schiappa", a déclaré Mohamed Sifaoui, qui assure avoir "des textos où je censure des collaborateurs" trop critiques à l'égard de figures politiques comme Jean-Luc Mélenchon.

Le journaliste et écrivain nie enfin avoir été financé car il est proche de Christian Gravel, préfet qui a été chargé en tant que secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation de choisir les associations financées par le fonds Marianne. "C'est une drôle d'idée", a-t-il simplement commenté.

"L'attitude de Marlène Schiappa est curieuse"

Néanmoins, Mohamed Sifaoui juge l'attitude de Marlène Schiappa "curieuse", alors que la secrétaire d'État chargée de l’économie sociale et solidaire et de la vie associative n'a pas encore publiquement pris la parole sur l'affaire du fonds Marianne.

"L'attitude de Marlène Schiappa est curieuse car elle n'a rien à se reprocher, mais elle est sur une attitude défensive que je ne m'explique pas", a-t-il expliqué.

Présent également sur le plateau de BFMTV, le sénateur socialiste Rachid Temal a confirmé que son groupe allait demander la création d'une commission d'enquête au Palais Bourbon concernant la distribution des fonds alloués par l'initiative de Marlène Schiappa.

Article original publié sur BFMTV.com