"Nous ne sommes pas des héros": les coiffeurs kurdes de la rue d'Enghien à Paris témoignent

"Nous ne sommes pas des héros, nous avons juste accompli la tâche qui nous a incombé à ce moment-là". Sur BFMTV ce dimanche, Munzur Balaman, gérant du salon de coiffure kurde où a été neutralisé William M., principal suspect dans la tuerie de la rue d'Enghien qui a fait trois morts à Paris le 23 décembre, est revenu sur son geste héroïque.

Présent sur notre plateau avec un de ses employés, Sinan Yolcu, et un de ses clients, Hüsseyin Gök, les trois hommes sont revenus en détails sur la chronologie des faits qui ont très certainement empêché William M. de faire plus de victimes.

"Au début, nous avons entendu les coups de feu. En regardant à l'extérieur, on a vu qu'il n'y avait plus rien. Puis un homme âgé a commencé à s'approcher. Il paraissait louche, mais il n'avait pas encore sorti son arme. Puis il l'a sortie, et on s'est senti comme déjà mort", a expliqué Hüsseyin Gök.

Le courage de "monsieur Ersan"

Une fois William M. présent dans le salon, les faits se sont rapidement enchaînés. Les employés ainsi que les clients n'ont eu que quelques instants pour trouver refuge au fond du commerce, dans les toilettes.

"Nous sommes tous allés à l'arrière du salon. Mais cette personne s'est de plus en plus approchée. Nous nous sommes vus dans l'obligation de lui sauter dessus. Si nous ne l'avions pas fait, beaucoup d'autres choses, bien plus graves, seraient arriver", a continué Hüsseyin Gök.

C'est en réalité un certain "monsieur Ersan" qui s'est le premier jeté sur William M. pour le neutraliser. "Nous étions six cachés dans les toilettes. Monsieur Ersan essayait de rentrer dans les toilettes. Je lui ai dit: 'il faut que tu l'arrêtes, que tu lui sautes dessus", a détaillé Munzur Balaman, le gérant.

"La première réaction est venue d'Ersan. On a ensuite essayé de récupérer l'arme. Mais on voyait qu'il avait encore un plan dans sa tête. Il voulait réaliser son plan. Nous avons réussi à le maîtriser. Mais nous étions également dans l'obligation de nous occuper des blessés", a déclaré Sinan Yolcu.

"Nous sommes obligés de reprendre notre vie"

Les trois hommes estiment qu'il leur a alors fallu attendre entre 15 et 20 minutes avant que la police n'arrive sur les lieux. Malgré ce geste héroïque, le patron de l'établissement refuse d'être présenté comme un héros.

"Actuellement, peut-être que tout le monde nous voit comme des héros. Mais nous ne sommes pas des héros. Nous avons juste accompli la tâche qui nous a incombé à ce moment-là. N'importe qui aurait fait la même chose à notre place", a jugé Munzur Balaman.

Depuis, le drame, le salon de coiffure a rouvert ses portes. "Nous avons repris l'activité. Nous sommes obligés de reprendre notre vie comme avant", a confié Sinan Yolcu.

Article original publié sur BFMTV.com