"Ne dites pas… mais dites…", la chronique de Bernard Pivot

On ne dit pas "il est temps de clôturer ce dossier", on dit "il est temps de clore ce ­dossier". On ne dit pas "elle s'est permise d'arriver en retard", on dit "elle s'est permis d'arriver en retard". On n'écrit pas "ses propos me laissent septique", on écrit "ses propos me laissent sceptique". Les guides du bon usage de la langue française ont toujours existé, notamment sous la forme "on ne dit pas, mais on dit". En 2003, Bernard Laygues conseillait amicalement Évitez de dire… Dites plutôt. Mais cette fois – respect! – c'est ­l'Académie française qui s'y colle, ou mieux : c'est l'Académie française qui proscrit et recommande. En publiant, car les pièges sont nombreux, un gros volume intitulé Dire, ne pas dire. Elle est dans son rôle séculaire de gardienne de la langue.

Il est dans ses fonctions de rappeler au bon peuple ses incorrections, parfois ses extravagances, dans sa manière de parler et d'écrire, et de lui conseiller les mots et les tournures qui conviennent. L'Académie française a été fondée en 1634 et c'est la première fois qu'à son célèbre et très lent Dictionnaire elle ajoute un guide pratique et accessible. Il était temps! C'est l'immortel décédé Yves Pouliquen qui en a eu l'idée. Hélène Carrère ­d'Encausse et Dominique Fernandez lui rendent hommage au début et à la fin du volume.

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En ces temps de pandémie, il est utile de rappeler la différence entre infecter et infester

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Il y en a pour tous les usagers de la langue française, les savants et les novices, les pu...


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