NBA - Draft 2024: Qui est Alexandre Sarr, le Français qui pourrait succéder à Wembanyama?

NBA - Draft 2024: Qui est Alexandre Sarr, le Français qui pourrait succéder à Wembanyama?

“With the first pick in the 2023 NBA Draft, the San Antonio Spurs select… Victor Wembanyama, from France”. Dans la nuit du 22 au 23 juin dernier, le basket français a vécu un moment historique. Wemby est devenu le tout premier Français à être sélectionné en premier choix lors d’une draft NBA. Quelques mois plus tard, alors que le soufflé est loin d’être retombé, voilà que la planète basket en France s’empreint d’un doux rêve: et si un Frenchie venait à succéder à Victor Wembanyama en tant que “First Pick” en 2024?

C’est en tout cas ce qu'affirment les dernières “mocks drafts” (simulations, prévisions, de ce que pourrait être la prochaine draft NBA, ndlr) publiées par des spécialistes. Selon Jonathan Givony, analyste pour ESPN, trois jeunes prospects tricolores pourraient obtenir une place dans le top 10 avec, en tête de gondole, un certain Alexandre Sarr. S’il fait naturellement moins l’unanimité qu’un Wembanyama, il a néanmoins énormément de qualités à faire valoir pour séduire les recruteurs NBA.

Un lieutenant en devenir

"Est-ce qu’il sera une première option offensive? Non." Pour Emmanuel Le Nevé, du média Envergure, spécialisé dans l’étude des jeunes joueurs de basket, le scouting et la draft, Alexandre Sarr n’a pas tapé dans l'œil des recruteurs de la NBA pour ses qualités offensives. Intérieur de 18 ans, pourtant capable d’écarter le jeu avec un tir à trois-points ou encore de distribuer quelques bonnes passes pour orienter le jeu, le natif de Bordeaux reste bien trop fébrile en attaque. "Balle en main, il n’est pas encore assez efficace pour trouver le chemin du panier, insiste l’analyste. Il doit aussi progresser sur son jeu de corps, éviter les joueurs au sol mais aussi en l’air pour terminer plus efficacement près du panier et travailler son jeu dos au panier."

Le point fort d’Alexandre Sarr? La défense. Il faut dire qu’il est dissuasif, le potentiel futur numéro un de la draft, avec ses 2,23 m d’envergure. Emmanuel Le Nevé confirme: "On est plutôt sur un garçon de 2.16 m qui s’impose comme un protecteur de cercle de premier ordre. C’est aujourd’hui ça son ticket d’entrée en NBA et ce qui lui donnera des minutes sur un terrain. Il sera peut-être All-Star un jour, mais aujourd’hui, je le projette davantage comme un lieutenant, une seconde ou troisième option offensive tout en étant le moteur défensif de son équipe." À profil différent, rôle différent.

Espagne, États-Unis, Australie... Un parcours pour le moins atypique

À six mois de la prochaine draft NBA, qui se tiendra le 27 juin, Alexandre Sarr a encore le temps d’étoffer son jeu et de... s’adapter. Un mot qui fait partie intégrante de la formation du jeune prospect au parcours atypique. Né à Bordeaux et élevé à Toulouse, il a commencé à jouer au basketball à l'âge de quatre ans en regardant son père, Massar, et son frère aîné, Olivier, jouer. C’est auprès d’eux qu’il va développer un esprit de compétition hors norme. Il ne cesse de se mesurer à des adversaires plus grands et plus âgés, jusqu’à attirer l’attention du Real Madrid. Il poursuit sa formation en Espagne, pendant deux ans, avant de prendre la direction des États-Unis, où il a passé deux autres saisons, cette fois au sein de l’Overtime Elite, une alternative aux parcours traditionnels qui permet à certaines pépites d’étudier, de se former et de jouer dans les meilleures conditions possibles tout en étant rémunérées.

Mais à l’intersaison, Alexandre Sarr s’est envolé pour l’Australie. Un choix peu courant, quoique de plus en plus répandu chez les jeunes basketteurs. Et pour cause, depuis la saison 2018-2019, le championnat australien s’est pleinement transformé en un tremplin vers la NBA en instaurant un programme dénommé “Next Stars”. "Je pense qu’il a fait le bon choix, c’est un championnat de plus en plus scruté par les recruteurs", confirme Emmanuel Le Nevé. En 18 matchs disputés avec Perth, le Français compile 9,6 points, 4,4 rebonds et 1,1 contre de moyenne par match.

Une ligne de statistiques loin d’être exceptionnelle mais sur laquelle ne figure pas tout le travail fourni par le Bordelais. Sans oublier qu’à même pas 19 ans, il a déjà connu trois expériences professionnelles sur trois continents différents. Et ça semble payer, à en croire les propos d’un dirigeant de la NBA recueillis par HoopsHype : "Alexandre Sarr est probablement le meilleur joueur de la prochaine draft actuellement et je n’aurais pas dit ça la saison passée. Mais il a énormément progressé depuis qu’il est parti à l’étranger! Il a pris du poids et gagné en puissance."

Deux matchs ont suffi à faire exploser sa cote

Même son de cloche du côté de Jonathan Givony, analyste pour ESPN: "Les progrès continus de Sarr cette saison, sa constance générale et son adaptation exceptionnelle à la NBA font de lui un choix sûr pour l'instant en tant que premier choix potentiel" Pourtant, il y a encore quelques mois de ça, le petit frère d’Olivier Sarr (non drafté à la sortie de l’Université mais qui jouit d’un “two-way contract” qui lui permet d’évoluer de temps en temps avec le Thunder d’Oklahoma City) était loin de pouvoir se vanter d’être celui que le monde entier imagine aujourd’hui comme le futur numéro un de la draft.

International tricolore chez les jeunes, Alexandre Sarr a pris part, l’été dernier, au Mondial U19. Une compétition dont la France a été finaliste et au cours de laquelle l’intérieur de 18 ans s’est montré quelque peu décevant. En difficulté offensivement, pas au mieux défensivement, il a terminé avec 7,4 points, 5,9 rebonds et 2,2 contres de moyenne par match. À cette époque de l’année, les prévisions pour la Draft 2024 l'envoyaient dans les profondeurs du premier tour, entre la 20e et la 30e place. Mais depuis, il a eu l'occasion de se racheter et de briller sous les yeux des recruteurs nord-américains. Lors de matchs d’exhibition organisés entre les Perth Wildcats et la G-League Ignite (une autre équipe américaine qui fait office de parcours alternatif pour rejoindre la NBA, ndlr), Sarr a sorti le grand jeu : 17 points, 7 rebonds et 6 contres le premier soir, 26 points, 10 rebonds et 6 contres le second. Et l’heure de gloire est arrivée. Comme quoi, il faut se méfier de ces fameuses “mock drafts” puisque tout peut aller très vite, dans un sens, comme dans l’autre.

Des incertitudes autour d’une draft plus faible

Même s’il ne se dit pas surpris par la hype qui entoure le phénomène Alexandre Sarr, l’expert en prospects prend toutes ces spéculations avec des pincettes: "Soyons clair, ces prévisions ne servent à rien à cette période de l’année. Elles n’ont aucune crédibilité. Elles deviennent plus concrètes au fil du temps, quand les équipes rencontrent les joueurs et que les spécialistes américains en tirent des infos." C’est pourquoi nombreux sont les commentaires mitigés qui fleurissent sur les réseaux sociaux et qui s’interrogent. D’une part sur le potentiel du Français. D’autre part sur le niveau global de cette cuvée. "C’est une draft plus faible sur le papier, tranche Emmanuel Le Nevé. On ne retrouve aucune superstar, ni aucun “franchise player” en devenir. Il n’y a ni Victor Wembanyama, ni Luka Doncic, ni Zion Williamson. Uniquement des “role player”, des lieutenants, des seconds rôles." C’est aussi le cas de Zacharie Risacher et Tidjane Salaun, actuels joueurs de Bourg-en-Bresse et de Cholet, qui figurent avec Alexandre Sarr dans le top 10 de la prochaine Draft NBA, respectivement en deuxième et sixième position. Pour autant, ça ne veut pas dire qu’ils ne peuvent pas réussir à s’imposer dans la grande Ligue. Simplement qu’il faudra que chacun s’acclimate à son rythme selon Emmanuel Le Nevé: "Si les performances ne sont pas au rendez-vous sur la première ou les deux premières saisons, il ne faudra pas leur tirer à boulets rouges. S’acclimater à la NBA, à l’environnement, au jeu, ça prend du temps. Un temps différent selon la personnalité et le jeu de chacun." Et l’expert du média spécialisé Envergure de conclure: "Selon le contexte dans lequel les joueurs vont tomber, on n’est jamais à l'abri d’une bonne surprise!"

Article original publié sur RMC Sport