Russie : l'opposant Navalny, en réanimation, est trop "instable" pour être transféré à l'étranger

La France et l'Allemagne avaient offert la veille "toute aide médicale" à Alexei Navalny, tandis que l'Union européenne avait jugé que "les responsables" devraient "rendre des comptes".

Un avion médicalisé a quitté l'Allemagne ce vendredi matin pour aller récupérer Alexeï Navalny dans son hôpital en Sibérie occidentale, où l'opposant russe se trouve en réanimation, victime selon son entourage d'un "empoisonnement intentionnel". L'avion a quitté Nuremberg, dans le sud de l'Allemagne, à 03H11, selon le quotidien Bild.

Mais le transfert ne pourra pas se faire dans l'immédiat, a annoncé sa porte-parole. "Le médecin-en-chef a annoncé que Navalny n'est pas transportable. Son état est instable", a indiqué Kira Iarmych sur Twitter, en estimant qu'il serait "mortellement dangereux de le laisser à l'hôpital non équipé à Omsk avec un diagnostic toujours pas fait".

Une "aide médicale" proposée par Paris et Berlin

Le président de l'ONG allemande Cinema for Peace, Jaka Bizilj, avait précédemment assuré que l'hôpital berlinois de la Charité était prêt à accueillir Alexeï Navalny. Cette ONG avait déjà réalisé une opération similaire avec un membre du groupe d'opposants Pussy Riot en 2018.

La France et l'Allemagne avaient offert la veille "toute aide médicale", le président français Emmanuel Macron, "extrêmement préoccupé", et la chancelière allemande Angela Merkel, "bouleversée", demandant respectivement "clarté" et "transparence" sur son état. Londres s'est dit "profondément préoccupé" par cette affaire, et l'UE a estimé que "les responsables" devraient "rendre des comptes".

Un "empoisonnement intentionnel"

Cet opposant de 44 ans se rendait de Tomsk à Moscou quand l'appareil dans lequel il se trouvait a dû faire un atterrissage d'urgence à Omsk, pour qu'il soit hospitalisé et relié à un respirateur artificiel. La porte-parole de l'opposant, Kira Iarmych, qui voyageait avec lui, a dit jeudi à la radio Echo de Moscou être persuadée que l'opposant avait été victime d'un "empoisonnement intentionnel".

"Nous pensons qu'Alexeï a été empoisonné avec quelque chose de mélangé à son thé. Il n'a rien bu d'autre ce matin", a-t-elle précisé sur Twitter. Selon elle, il semblait "parfaitement bien" dans la matinée à Tomsk mais "tout de suite après le décollage, il a perdu connaissance".

"Aucun doute sur le fait que Navalny a été empoisonné pour ses activités et ses positions politiques", a renchéri sur le même réseau social Viatcheslav Guimadi, le directeur juridique du Fonds de lutte contre la corruption (FBK) d'Alexeï Navalny, réclamant l'ouverture d'une enquête pour "tentative d'assassinat sur une figure publique".

Victime de plusieurs attaques physiques

Selon la politologue Tatiana Stanovaïa, Alexeï Navalny a "des centaines d'ennemis parmi lesquels des individus déterminés", en raison de son travail anti-corruption. Principal opposant au Kremlin,, il a déjà été victime d'attaques physiques. En 2017, il avait été aspergé d'un produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou.

En juillet 2019, tandis qu'il purgeait une courte peine de prison, il avait été traité à l'hôpital après avoir soudainement souffert d'abcès sur le haut du corps, dénonçant un empoisonnement alors que les autorités évoquaient une "réaction allergique".

"Qu'il ait donné l'ordre personnellement ou pas, la responsabilité repose sur lui", a dénoncé Kira Iarmych, pointant du doigt le président Vladimir Poutine.

Le Kremlin lui souhaite un "prompt rétablissement"

Le Kremlin a dit souhaiter à Alexeï Navalny, "comme à n'importe quel citoyen russe", un "prompt rétablissement", soulignant aussi que l'empoisonnement n'était jusqu'à présent qu'une "simple supposition". Il s'est dit prêt à apporter son aide pour que l'opposant soit transféré à l'étranger, ce que souhaitent également ses proches.

Certains médias ont évoqué une possible intoxication au oxybutyrate de sodium, une substance utilisée pour les anesthésies. Cette version n'a pas été confirmée par les médecins.

De nombreux adversaires du Kremlin ont été victimes ces dernières années d'empoisonnement, en Russie ou à l'étranger. Deux cas d'empoisonnement très médiatisés ont notamment eu lieu au Royaume-Uni en 2018 et 2006 sur des ex-agents secrets russes. Plusieurs opposants russes qui ont également été hospitalisés ont dénoncé des empoisonnements ces dernières années. A chaque fois, les autorités russes ont démenti.

Article original publié sur BFMTV.com

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