Naturel et bienveillance: comment la nouvelle "Star Ac" a conquis le public
En mars 2022, TF1 annonçait un pari risqué: faire revivre l’un de ses télécrochets culte, la Star Academy. Sept mois plus tard, les téléspectateurs ont découvert les 13 visages de cette promotion 2022, lors d’un premier prime suivi par 4,84 millions de Français.
Au départ, beaucoup expliquaient le succès de ce revival par la nostalgie de certains trentenaires avides de découvrir l’évolution du programme de leur adolescence et les successeurs de Jenifer, Georges-Alain et Jean-Pascal. Mais au fil des émissions, les téléspectateurs sont restés, captivés pour le quotidien de ces nouveaux élèves.
Et ce, jusqu’à la grande finale du programme qui aura lieu ce samedi en direct sur TF1. Pour l'occasion, retour sur le succès de cette saison 2022 de la Star Academy qui a apporté un vent de fraîcheur dans le paysage de la téléréalité.
Lassitude des téléréalités classiques
Pamela, 20 ans, animatrice du serveur de discussion "Star Ac' Community" sur Discord, n’avait jamais regardé les précédentes saisons du télécrochet. Adepte des programmes "d’enfermement" tels que Secret Story, mais lassée de la téléréalité actuelle, elle décide de laisser sa chance au premier prime de la Star Ac, le 15 octobre 2022.
"Aujourd’hui, les jeunes, comme moi, sont beaucoup moins intéressés par la téléréalité car on a l’impression que c’est de plus en plus mécanisé et que les candidats connaissent tous les ficelles des émissions. Ça en devient un peu toujours la même chose", assure-t-elle.
Dès les premières quotidiennes, Pamela est séduite. La Star Academy combine le format d’enfermement qu'elle affectionne avec un live que l’on peut suivre en direct tous les jours grâce à un abonnement payant à TF1 Max. Une transparence, loin des téléréalités du moment, tournées à l’étranger des mois à l’avance.
"Le live, c’est ce qui fait la force du programme. On rentre dans l’intimité des candidats, on les découvre sans artifice et on se sent impliqué dans le processus de l’émission", assure Pamela.
Des candidats "de la vraie vie"
Le naturel des élèves est d’ailleurs l’un des points forts de la Star Academy cette année. Au fil des quotidiennes, les téléspectateurs découvrent les personnalités “normales” des candidats: comme eux, ils ne sont pas parfaits, ils craquent, doutent et s’en fichent de leur apparence devant les caméras, ce qui facilite l’identification.
"Dans certaines émissions, les candidats ont 19 ans mais ils en font déjà 25 physiquement. Ce sont des profils superficiels. Alors qu’à la 'Star Academy', ils ont des têtes qu’on pourrait croiser dans la vraie vie. En ça, TF1 a vraiment réussi à changer la perception de la téléréalité pour la rendre plus naturelle", indique Pamela.
La singularité de ces candidats “réalistes”, Nathalie Nadaud-Albertini, docteure en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), la constate également.
"Dans les Marseillais, par exemple, on retrouve des personnalités très extravagantes, extraverties et expressives car l'émission est bâtie sur les relations entre les candidats. Il y a besoin d’amitiés, de clash, d’histoires d’amour…” explique la spécialiste de la téléréalité.
"Dans la Star Academy, on a aussi des rencontres et des amitiés comme celle de Louis et Enola, mais ce sont davantage des rencontres que l’on pourrait faire dans la vie de tous les jours", ajoute-elle.
Une bienveillance à toute épreuve
Si ce revival de Star Academy se démarque aussi positivement des autres programmes de téléréalité et des précédentes éditions, c'est également par la bienveillance qui règne entre les élèves. Au château de Dammarie les Lys, pas de disputes spectaculaires, ni de moqueries. Les éventuelles tensions sont rapidement réglées par des discussions.
"Contrairement à un programme comme 'Les Marseillais', basé sur le relationnel, à la 'Star Ac’', ce qui est primordial dans la narration c’est l’évolution artistique des élèves, rythmée par les évaluations, par la préparation du prime, la peur de ne pas avoir de voix ou d’être malade”, analyse Nathalie Nadaud-Albertini.
Dans ces moments, malgré la compétition, les candidats se soutiennent, s’épaulent et se réconfortent. Une bienveillance à toute épreuve, "en prise avec la société actuelle" mais qui contraste avec les anciennes saisons du télécrochet musical, selon la spécialiste.
"Dans les premières Star Ac’ lors des primes on avait des scénographies qui illustraient l’opposition entre les candidats, avec des flammes, l’idée de combat… Mais cette année, la compétition semble beaucoup plus légère, on sent qu’on est dans une autre époque", ajoute Nathalie Nadaud-Albertini.
Mais à être trop gentils et réalistes, les candidats de la Star Academy n’en deviennent-ils pas ennuyeux? "J’avais peur de ça au début”, affirme Pamela. "J’ai cru qu’il n'allait y avoir aucune narration, parce qu’il n’y avait aucune histoire d’amour et aucun clash."
"On est tellement habitué à avoir des candidats qui connaissent les ficelles de la télé et qui passent directement au clash qu’on oublie que la téléréalité, ça peut se jouer sur autre chose, comme le côté collectif, le développement artistique ou la bienveillance”, poursuit la jeune femme.
“Dans la vraie vie, on ne rentre pas directement en clash ou on ne tombe pas directement amoureux de quelqu’un”, conclut Pamela.
La puissance des réseaux sociaux
L’autre force de la Star Academy 2022, c’est son succès intergénérationnel. "Comme ça existait déjà il y 20 ans, on peut regarder et commenter en famille, ça permet de fédérer les publics", précise Nathalie Nadaud-Albertini.
Mais la grande nouveauté de cette année, c’est l’engouement des jeunes autour du télécrochet musical. Depuis sa première diffusion, la Star Academy a envahi les réseaux sociaux.
De Twitter à Instagram en passant par TikTok, l’engouement est tel que des comptes fans dédiés commentent quotidiennement l’émission avec ferveur. Certains lancent même des campagnes de votes, accompagnées de sondages avant les primes, dignes d’une élection politique.
"J’ai des copines qui suivent la Star Ac’ uniquement grâce aux extraits des lives diffusés sur TikTok. La plateforme a vraiment permis de faire tourner la machine de l’émission et d’attirer un public plus jeune” explique Pamela.
Sur son serveur de discussion sur Discord, lancé deux semaines après le début de l'émission, la jeune femme échange et partage sa passion avec plus de 1.400 internautes.
Cette communauté enthousiaste promet d’être au rendez-vous pour une saison 2023, déjà commandée par TF1, qui devrait durer entre 12 et 15 semaines, selon Télé Loisirs.