Nathalie Quintane à la recherche du sens perdu

«Ultra-Proust» étrille les commentaires de l’œuvre

Ultra-Proust, comme ultragauche : Nathalie Quintane est une léniniste pleine d’humour et à l’oreille sensible, ce qui est un oxymore. Elle est enseignante à Digne, la ville où Jean Valjean vola les chandeliers de l’évêque. Sa conscience politique a été secouée, dit-elle, par les burlesques manipulations policières de Tarnac. Elle a aussi lu l’évangile selon Jacques Rancière, le débordant philosophe de la démocratie totale, qu’elle cite volontiers comme une sorte de gourou. Ultra-Proust prolonge les Années 10 (La Fabrique) et Que faire des classes moyennes ? (P.O.L). On retrouve avec plaisir le personnage de sa grand-mère gantière dont le ferme destin populaire paraît fixer l’horizon de sa réflexion.

C’est en pensant à elle qu’elle lit ici Proust, Baudelaire, Nerval, et surtout les lectures qu’on fait d’eux. Elle se demande à quoi peut bien servir «une littérature qui n’aurait plus de souveraineté que sur elle-même, en interne, sans jamais déborder, une littérature qui ne serait plus abouchée à quelque révolution que ce soit (y compris «stylistique»), déniaisée de tout y compris du dandysme». Bref, une littérature tiède, désactivée. A pas grand-chose, évidemment, sinon à tendre un miroir complaisant au «Juste Milieu» qui dort ou pas en la plupart d’entre nous. Le fantôme de sa grand-mère regarde Nathalie Quintane et elle se dit qu’une littérature qui ne change pas le monde dans lequel on vit est un cautère sur une jambe de bois.

«- Tu l’aimes pas beaucoup, Proust ? - Il est tellement couvert d’amour…»

Le livre débute par un amusant constat dialogué : les amours institutionnels étouffent leur objet littéraire encore plus sûrement qu’un passage chez Ruquier et c’est d’eux qu’il faudrait, comme de parents abusifs, se débarrasser. Nathalie Quintane tape donc avec espièglerie sur le crâne de notables qui ont de Proust et d’autres insoumis de la langue un usage pour salons de thé, neuroleptique et intelligemment consensuel. (...)

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