Nathalie Azoulai, l'écrivaine reine du codage
La plupart de nos actions dépendent désormais de la Toile et de ses langages informatiques. Nous ne pouvons plus faire voler un Airbus A380 sans l'aide active d'un million de lignes de code, et ce chiffre augmente de façon exponentielle. Traduite en binaire, la phrase inaugurale de la Recherche proustienne se change en une suite interminable de 01001100/01101111 qui pourrait nous empêcher à jamais de dormir. Mais c'est aussi grâce à ces codes que notre iPhone 13 peut effectuer des billions de calculs par seconde : impossible de snober ces domestiques numérisés que sont Java, Ruby, HTLM, C# ou Swift.
Nathalie Azoulai a un faible pour Python. Pourquoi lui ? Parce qu'il est le plus usité – Google, Instagram, Spotify, Uber parlent le Python – et parce que le nom la charme, elle n'oublie pas qu'elle est écrivaine. Elle se cogne la tête devant ces amas de signes, comme Champollion devant la pierre de Rosette, mais elle est décidée à saisir la logique de cet idiome en passe, avec d'autres, de reléguer les langues humaines au rang de vieilleries. Elle « recrute » dans ce but une codeuse, en hommage à Grace Hopper, pionnière américaine de la discipline, puis rencontre des codeurs à peine sortis de l'adolescence – sa curiosité n'est pas dénuée d'arrière-pensées érotiques –, dont Guido, le créateur de Python, qui lui a consacré des milliers d'heures sans être rémunéré, mais qui le tient pour la chose la plus extraordinaire qui lui soit arrivée.