"Nasser", "mégabassine", "ghoster"... Les nouveaux mots du dictionnaire Le Robert

Le dictionnaire se veut "toujours un miroir de la société". La nouvelle version du petit Robert de la langue française 2024, qui sort ce jeudi, va accueille de nouveaux mots, dont certains ont été dévoilés dès ce mardi sur France Inter.

"On va retrouver dans les mots nouveaux les principales préoccupations de la société et de l'époque", assure Géraldine Moinard, directrice de la rédaction des éditions Le Robert.

Des nouveautés dans l'actualité

Parmi "une centaine de nouveautés", de nombreux mots d'actualité: "nasser", un mot fréquemment utilisé en manifestations, qui définit le fait "d'encercler, retenir par un cordon d'agents des forces de l'ordre". "Complosphère" fait également partie de cette nouvelle sélection.

L'actualité du monde anglo-saxon et des têtes couronnées trouve également une occurrence toute récente dans cette nouvelle édition du Robert, avec la consécration de la définition de la "reine consort" - titre de Camilla outre-Manche.

L'environnement, qui est aussi "une grande préoccupation du moment" selon Géraldine Moinard, voit certains mots consacrés dans le dictionnaire : les "mégabassines" ont désormais une définition, alors que de violents affrontements avaient eu lieu en mars à Sainte-Soline, lors d'une mobilisation contre l'un de ces projets. Les "microplastiques" ou l'"indice de réparabilité" et la "dette climatique" font également partie de cette nouvelle liste.

Dans l'actualité toujours, les "zones à faible émission" qui apparaissent dans de nombreuses métropoles de France disposeront également d'une définition.

L'année dernière, la notion d'"éco-anxiété" avait été consacrée dans le Petit Robert. "On a besoin de vocabulaire pour exprimer ses craintes", explique encore Géraldine Moinard.

La technologie à l'honneur

L'univers des nouvelles technologies "est très présent" dans cette liste de nouveautés, comme il l'est au sein de la société, à travers l'apparition de mots comme me "métavers", le "minage" de cryptomonnaies, le "cryptoart" ou encore le "moissonnage" de données.

Pour chasser les anglicismes, le dictionnaire a également proposé une traduction du "cloud", qui représente l'"ensemble des services informatiques accessibles à distance par le réseau Internet": il s'agit de "l'infonuagique", un terme importé du Canada.

Mais malgré cela, il y a "toujours beaucoup d'anglicismes", ce qui est justifié par les éditions du Robert par le fait que "notre langue emprunte", ce qui est "un processus naturel". "On peut regretter qu'il se fasse surtout à l'anglais aujourd'hui", ajoute toutefois Géraldine Moinard.

"Crush", "disquette" ou "ghoster"

Le comité, qui se réunit pour décider de l'intégration ou non de nouveaux mots, observe d'abord, durant l'année écoulée, les nouveaux mots qui font leur apparition dans le vocabulaire. Les membres étudient la fréquence d'usage du mot, sa diffusion -notamment dans les médias, discours, littératures, réseaux sociaux - puis sa pérennité.

Des mots utilisés par les jeunes sont alors aussi mis à l'honneur, comme la "disquette", cette technologie obsolète qui désigne désormais une "phrase, formule flatteuse, souvent lourde, destinée à séduire quelqu'un".

Les anglicismes "crush" (avoir le béguin pour quelqu'un) ou "ghoster" (supprimer des réseaux sociaux et ignorer) font également leur apparition sur le papier après avoir été utilisés de nombreuses années par les jeunes.

De nouveaux noms propres ont aussi fait leur apparition dans le Robert Illustré, qui paraîtra le 17 mai. Parmi eux, le régulateur de l'audiovisuel et du numérique, l'Arcom, la Première ministre Élisabeth Borne ou encore Charles III. En parralèle, aucun mot ne disparaît.

Le Larousse a aussi présenté mardi ses 150 nouveaux mots, parmi lesquels "boboïser", "PLS", "covidé" ou "Instagrammable".

Article original publié sur BFMTV.com