La NASA corrige ses plans « irréalistes » de mission martienne après un rapport dévastateur
ESPACE - En février 2021, le monde découvrait les images de l’atterrissage du rover Perseverance de la Nasa sur la planète Mars. La première étape d’une longue mission qui consiste à récolter des échantillons de la planète rouge pour les ramener sur Terre afin de les analyser. Mais l’agence spatiale américaine est rattrapée par des problèmes budgétaires qui pourraient compromettre la suite de la mission.
Sur Mars, Perseverance a récolté son premier échantillon, mais le retour sera long
Même dans l’espace, les temps sont aux économies : la Nasa cherche des moyens de rapporter sur Terre des roches prélevées sur Mars de façon plus rapide et moins coûteuse, a annoncé lundi 15 avril l’agence spatiale américaine. Une décision prise après qu’un rapport a critiqué son budget et le calendrier de la mission Mars Sample Return (MSR), les jugeant « irréalistes ».
Une mission deux fois plus chère que prévu
Initialement, la mission MSR devait se dérouler de cette façon : la Nasa et l’Agence spatiale européenne (ESA) devaient faire atterrir un vaisseau autour du cratère Jezero, où le rover Perseverance a passé des années à chercher des signes d’une vie microbienne ancienne qui aurait pu exister il y a des milliards d’années, lorsque Mars était plus chaude et plus humide qu’aujourd’hui. Trente tubes d’échantillons collectés par le rover devaient être chargés dans une petite fusée et lancés en orbite, où un autre vaisseau spatial les amènerait sur Terre.
Mais l’audit publié en septembre 2023 et réalisé par une commission d’examen indépendante a douché les espoirs de la Nasa. Selon cet audit, cette mission a été établie « dès le départ avec des attentes irréalistes en matière de budget et de calendrier » et qu’elle a une chance « quasi nulle » de respecter les dates de lancement prévues.
Des experts estiment par ailleurs que les coûts totaux pourraient potentiellement atteindre 11 milliards de dollars, soit près du double de ce qu’avait annoncé l’agence spatiale américaine, qui estimait la mission entre 5,6 et 7,2 milliards de dollars. Or, pour le chef de la Nasa, Bill Nelson, « 11 milliards de dollars, c’est trop cher, et ne pas rapporter d’échantillons avant 2040, c’est beaucoup trop long ».
La pression monte face à la course avec la Chine
Revoyant ses ambitions à la baisse, l’agence prévoit d’étudier de nouvelles propositions de l’industrie spatiale avec laquelle elle collabore pour ses missions. « Pour aller plus vite, nous devrons peut-être réduire le nombre d’échantillons », a avancé devant la presse Nicky Fox, une responsable de la Nasa, sans plus de précisions.
La Nasa est aussi sous le coup des contraintes imposées par le Congrès, et a dû rabaisser ses demandes budgétaires de deux milliards de dollars pour 2025. En février dernier, elle annonçait le renvoi de 530 employés de son centre de recherche Jet Propulsion Laboratory (JPL), soit 8 % de son staff. L’agence va donc devoir se serrer la ceinture.
L’annonce concernant la mission MSR intervient alors que la mission chinoise Tianwen-3 pour le retour d’échantillons venus de la planète rouge devrait être lancée vers 2030, selon les médias d’État, dans un contexte de rivalités entre les deux puissances.
Outre la mission Tianwen-3 sur Mars, la Chine pourrait également être le prochain pays à envoyer des humains sur la Lune d’ici 2030, si les Américains prennent du retard. Avec Artémis 3, les États-Unis doivent renvoyer en 2026 des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis 1972, repoussant d’une année la date initialement prévue. Un retard notamment dû à la fusée Starship de SpaceX qui n’est pas encore prête, mais également aux tests qu’ils restent encore à effectuer sur les nouvelles combinaisons spatiales.
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