Narges Mohammadi prix Nobel de la paix : l’Iran fustige une décision « partiale et politique »

Le Nobel de la paix a couronné ce vendredi 6 octobre 2023 la militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi, actuellement dans une geôle de la République islamique où des femmes, tête nue, font souffler un vent d’émancipation malgré la répression.
Niklas Elmehed © Nobel Prize Outreach Le Nobel de la paix a couronné ce vendredi 6 octobre 2023 la militante iranienne des droits humains Narges Mohammadi, actuellement dans une geôle de la République islamique où des femmes, tête nue, font souffler un vent d’émancipation malgré la répression.

INTERNATIONAL. « Nous condamnons une action partiale et politique. » La première réaction de l’Iran à l’attribution du prix Nobel de la paix à la militante Narges Mohammadi, distinguée pour son combat contre l’oppression des femmes et actuellement emprisonnée, a émané du porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

« Nous constatons que le Comité Nobel a attribué le prix de la paix à une personne qui a été reconnue coupable de violations répétées des lois et qui a commis des actes criminels », a déclaré Nasser Kanani dans un communiqué.

Pour lui, ce prix Nobel « est un autre maillon de la chaîne de pression des milieux occidentaux contre l’Iran, qui n’a d’autre résultat que la détermination de la nation iranienne à poursuivre sa politique indépendante ».

Un choix aussi critiqué par les médias conservateurs

La remise du prix à la militante, emprisonnée depuis avril 2022, a également été critiquée par des médias locaux. Pour l’agence de presse officielle Irna, le comité Nobel a récompensé « une femme ayant collaboré avec des groupes terroristes » et « inconnue dans son propre pays, en particulier parmi les femmes iraniennes », dans l’objectif de « politiser le concept des droits humains ». L’agence de presse Tasnim a également décrit Narges Mohammadi comme une « condamnée » ayant commis des activités « subversives ».

La militante et journaliste âgée de 51 ans est récompensée « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen.

Vice-présidente du Centre des défenseurs des droits de l’Homme fondé par Shirin Ebadi, elle aussi prix Nobel en 2003, Narges Mohammadi a ces dernières 25 années été plusieurs fois condamnée et emprisonnée pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort.

L’Iran a connu l’an dernier un vaste mouvement de contestation déclenché par la mort d’une jeune femme kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran pour non respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes. Narges Mohammadi a exprimé son soutien au mouvement.

Contrairement aux médias locaux conservateurs en Iran, certaines voix iraniennes ont apporté leur soutien à Narges Mohammadi, comme l’actrice Taraneh Alidoosti, arrêtée en janvier avant d’être libérée trois semaines plus tard. « La liberté viendra avec toi, chère Narges, une femme comme toi n’a pas sa place en prison », a-t-elle déclaré.

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