Les nappes phréatiques sont pleines, mais le risque de sécheresse en France n’est pas écarté pour l’été
Le printemps pluvieux a permis de régénérer les sols. Mais les incertitudes demeurent à cause d’un été potentiellement très chaud.
ENVIRONNEMENT - Bonne nouvelle, mais attention à ne pas voir que le verre à moitié plein ! Arès deux années d’importantes restrictions d’eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse cet été 2024. En effet, au sortir du printemps, les nappes phréatiques de l’Hexagone sont majoritairement au-dessus des « normales », à l’exception notable des Pyrénées-Orientales, département pour lequel le gouvernement a lancé un plan d’adaptation mercredi 22 mai.
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Au 1er mai, 65 % des nappes métropolitaines se situaient au-dessus des normales, avec 21 % dont les niveaux étaient même très hauts. À l’inverse, 22 % étaient sous les normales, dont 4 % à des niveaux très bas, dans le Roussillon mais aussi dans certaines parties de la Corse, comme vous pouvez le voir sur cette carte publiée par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
C’est beaucoup mieux que l’an dernier à la même époque, où la situation était « très inquiétante » avec 68 % des nappes sous les normales, souligne le BRGM. Il y a aussi une « légère amélioration par rapport au mois dernier malgré la reprise de la végétation », qui absorbe une partie des précipitations, note le BRGM. Au 1er avril, 58 % des nappes étaient au-dessus des normales et 27 % étaient en dessous.
💧 État des nappes d’eau souterraine au 1er mai 2024
Que retenir
🔸 39% des niveaux sont en baisse (16% en mars)
🔸 22% des niveaux sont sous les normales mensuelles (27% en mars)
🔸 Les niveaux baissent sur les nappes réactives et continuent de monter sur les nappes inertielles pic.twitter.com/QUkua2OJxC— BRGM (@BRGM_fr) May 22, 2024
Vers un été dans le rouge dans le Roussillon et en Corse ?
La France pourrait donc éviter de voir se reproduire le scénario tendu des deux derniers étés. Mais ce n’est pas vrai partout, et la situation dans les Pyrénées-Orientales est toujours très critique. La pluie est certes bien tombée dans ce département au printemps, pour la première fois depuis plus de deux ans. Mais elle est arrivée trop tard et sur des sols trop secs pour pouvoir véritablement s’infiltrer et recharger les nappes.
Aux abords de l’été, le Roussillon reste donc dans le rouge concernant la sécheresse et se prépare à un troisième été de restrictions importantes des usages de l’eau. « Depuis l’été 2023, le département est à des niveaux historiquement bas », donc « même s’il pleuvait en abondance, les nappes ne parviendront pas à se recharger », a expliqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. « Il faudra au moins deux hivers excédentaires pour espérer recharger les stocks. » Autant dire que l’été devrait une nouvelle fois être difficile dans cette région.
Ce pourrait aussi être le cas pour l’est de la Corse, où il n’a quasiment pas plu ces dernières semaines.
Des incertitudes liées à un été potentiellement très chaud
Mais qu’en sera-t-il pour le reste de la France ? Là-dessus, le BRGM se montre « plutôt optimiste ». Sur les trois premières semaines de mai, la pluie a continué à tomber dans certaines régions, retardant la période de vidange des nappes, qui traditionnellement débute en avril.
Et même si la végétation printanière est maintenant bien sortie, elle peut profiter de sols particulièrement humides pour bien s’alimenter en eau et ainsi moins puiser dans les nappes. De même, les précipitations favorisent une irrigation naturelle des cultures, retardant là aussi une sollicitation trop importante des réserves aquifères en profondeur.
Quelques incertitudes demeurent toutefois pour les prochains mois, tempère le BRGM. Les anticipations de Météo-France jusqu’à juillet montrent une tendance à des conditions plus chaudes que la normale, qui pourraient favoriser l’évaporation de l’eau. Et pour les précipitations, il est impossible de prévoir si les pluies vont continuer ou pas.
La situation de certaines nappes pourrait donc brutalement se détériorer. Ce pourrait notamment être le cas pour le sud-ouest du bassin parisien, le sud de l’Alsace, la chaîne des Puys dans le Massif central, le couloir de la Saône, l’Est lyonnais ou encore l’ouest des Pyrénées.
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