Quand Napoléon Bonaparte inventait le ministère de la Culture
L'indignation est parfois le masque du dédain. La nomination de la ministre de la Culture, Rachida Dati, inquiète, quand elle ne suscite pas la réprobation de la gauche. L'entrée de Gargamel dans le village des Schtroumpfs aurait été accueillie avec plus de bienveillance de la part de députés soudainement passionnés par un sujet dont ils ne parlent jamais.
La France insoumise et le Parti socialiste sont, comme nous savons, un modèle de raffinement et de sophistication. Cette indignation justifiée par des motifs rudimentaires, c'est-à-dire des préjugés, est révélatrice d'un malentendu relativement à un ministère qui n'existerait pas sans Charles de Gaulle, bien sûr, mais aussi – et c'est moins connu – sans Napoléon Bonaparte.
Vivant Denon, directeur des musées impériaux
Napoléon aimait l'ordre en toute matière, non par passion de la discipline – encore que –, mais parce qu'il était convaincu du fait que l'avenir appartient aux choses organisées, à commencer par l'État. À la fin de l'année 1802, il crée la Direction des musées, rattachée au ministère de l'Intérieur, qu'il confie à Vivant Denon, le sémillant directeur du Louvre. Ce dernier se retrouve à la tête d'un périmètre que Thierry Lentz qualifie de « ministère limité » dans son inégalable Nouvelle Histoire du Premier Empire**.
Pour la première fois en France, l'État mène une véritable politique en matière de beaux-arts. Les rois s'intéressaient, bien sûr, aux écrivains, aux peintres, au théâtre, mais selon [...] Lire la suite