Nantes: la ville est-elle confrontée à un problème d'insécurité?

Nantes: la ville est-elle confrontée à un problème d'insécurité?

Après le viol en réunion d'une femme de 40 ans à Nantes samedi, la question de la sécurité de cette ville de Loire-Atlantique se pose. "C'est de pire en pire, il n'y a pas une soirée, il n'y a pas un jour où on n'a pas une agression", déclare ainsi sur BFMTV Guillaume, co-président de l'association Sécurité nocturne Nantes. Selon lui, "la situation est très inquiétante".

"Peut-on encore se sentir en sécurité à Nantes lorsque l’on est une femme ?", a tweeté dimanche la présidente LR de la région Pays de la Loire Christelle Morançais. En octobre dernier, c'était des règlements de comptes et fusillades, faisant plusieurs blessés, qui avaient déjà fait parler de Nantes.

Il y a à Nantes, "comme dans trop de grandes villes des difficultés de sécurité le soir, où effectivement la situation n’est pas satisfaisante, elle s’améliore", assure sur BFMTV Pascal Bolo, adjoint de Nantes à la sécurité et à la tranquillité publique.

"Des niveaux de délinquance que l'on retrouvait avant 2019"

Comme dans d'autres villes de France, "il y eu une forte baisse de la délinquance en 2020 et 2021 du fait de la crise Covid", explique ce lundi sur notre antenne le préfet de Loire-Atlantique Didier Martin. Mais "on voit bien qu'après deux années un peu particulières on a actuellement des niveaux de délinquance que l'on retrouvait avant 2019, avec de nouveau davantage de violences dans l'espace public, y compris ce drame qui a eu lieu samedi matin à Nantes".

"Nous avons eu à Nantes la chance d’être protégés pendant de nombreuses années de situations de ce type", déclare Pascal Bolo, "malheureusement quand son arrivées l’industrialisation des trafics de stupéfiants, et les violences qui y sont généralement associées, nous avons connu à Nantes des situations que nous ne connaissions pas jusqu’ici."

D'après le bilan 2021 de lutte contre la délinquance de la préfecture de Loire-Atlantique, consulté par BFMTV, les indicateurs de la délinquance en 2021 à Nantes s'inscrivaient en effet dans une tendance globale de baisse constatée sur le département ces cinq dernières années, mais les violences sexuelles étaient tout de même en très forte hausse.

Elles sont passées de 428 faits en 2017 à 728 faits en 2021 (+70%), notamment à cause de l'augmentation des actes de cette nature durant les confinements au sein du cadre familial, mais aussi grâce à la libération de la parole et l'amélioration de l'accueil des victimes.

Au total, les atteintes volontaires à l'intégrité physique ont augmenté de 17,14% en 5 ans dans l'agglomération nantaise, passant de 5532 faits en 2017 à 6480 faits en 2021. C'est tout de même presque moitié moins que sur le département de Loire-Atlantique (+29,58%).

"Le climat de sécurité sur Nantes s'est considérablement dégradé"

"Le climat de sécurité sur Nantes s'est considérablement dégradé, cela fait un paquet d'années que cela se dégrade et c'est de pire en pire" martèle de son côté sur BFMTV Thierry Audouin, secrétaire national adjoint Alternative Police Grand Ouest. "La police essaye d'intervenir mais le problème c'est que le nombre de personnes à gérer est trop important".

Le préfet rappelle que 70 policiers supplémentaires ont rejoint Nantes ces 18 derniers mois, ils "sont venus renforcer les patrouilles pédestres organisées le soir et la nuit, parce que c'est là qu'on avait identifié des marches de manoeuvre pour être plus présents et rassurer nos concitoyens". Il encourage au passage les personnes victimes d'agressions à porter plainte.

Pascal Bolo souligne lui l'existence d'une vidéo-protection efficace dans la ville et assure qu'à "la fin de ce mandat nous aurons plus que doublé les effectifs de police nationale". Actuellement, il "y a encore trop de situations problématiques, nous continuons à œuvrer sans relâche pour que le droit à la sécurité soit assuré à Nantes."

Après le viol de samedi, deux hommes de nationalité soudanaise, âgés de 17 et 27 ans, ont été présentés lundi à un juge d'instruction. Les deux hommes étaient inconnus des services de police et de justice et sont arrivés en France il y a plusieurs années, ils nient les faits.

Un rassemblement contre l'insécurité est prévu ce samedi dans la ville par l'association Sécurité nocturne Nantes.

Article original publié sur BFMTV.com