"Je n'ai pas eu un piquet de grève lundi matin": le message combatif de Patrice Collazo malgré la crise au MHR

Patrice, comment sentez-vous le groupe avant le match de Lyon avec la pression de ce match à venir pour se maintenir en Top 14 ?

Si on ne veut pas d’un quotidien agité, il ne faut pas être entraîneur de rugby. Ces choses-là sont un moteur. La pression elle est là quand on gagne, quand on perd elle est là tous les jours. Il nous reste deux matches avant de disputer l’access. Tout n’est pas à jeter dans nos prestations. On n’a pas plus de nos 10% de marge. On doit valider les bonnes choses que l’on fait dans un match. Ça m’emmerde pour les joueurs. C’est dur pour tout le monde en ce moment : les joueurs, les supporters, les salariés. Les deux matches qui arrivent doivent nous servir pour le match de barrage. Notre feuille de route est claire, on a entre 10 et 12 entraînements, on doit les mettre à profit. On a vu les points que l’on doit améliorer, notre travail est ciblé. La situation du club est dure. On a une problématique, voire deux à travailler. Si on règle ces soucis, on va se mettre en ordre de marche.

Retrouver un état d’esprit, c’est la priorité ?

Cela va se retrouver sur les phases de jeu, on doit avoir l’envie de gagner la ligne davantage, de dominer son adversaire, de gagner la guerre du sol. On manque d’efficacité mais on aurait pu gagner les quatre derniers matchs. En ce moment, on est dans une spirale négative, on doit regagner des matches pour évacuer ce contexte.

Les joueurs ont beaucoup parlé entre eux ces derniers jours, quel est le mot d’ordre vis-à-vis des joueurs ?

Oui beaucoup de discussions… J'ai lu ça... Mais il n'y en a pas eu tant que ça. Vous dites que le curseur est monté… Franchement, la semaine n'a pas changé. Vous avez assisté à l'entraînement? On s'entraîne de la même façon, on n'a pas tout chamboulé car on ne peut le faire. Et on chamboule tout quand rien ne marche. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. On n’a pas de résultat, ok mais sur 80 minutes je ne peux pas dire aux joueurs qu'il y a tout à jeter. Ce n’est pas le cas, je leur mentirais si je disais ça. On a ciblé des choses pour passer ce barrage. Des réunions, il n'y en a pas eu plus qu'à l'accoutumée.

On parle d’autogestion, les joueurs ont repris certaines choses en main ?

C'est vous qui l'interprétez comme ça. Vous avez vu tous les entraînements depuis novembre ? Vous avez vu une différence aujourd’hui ? Non ? (rires) Alors il faut le dire aussi. Mercredi, on a uniquement évoqué des choses sur le jeu. Dans la situation dans laquelle on est, tout ce qu'il y a autour, le tapage médiatique, ça va avec. On est venu pour une mission bien précise. On n'est pas venu à Montpellier en se disant on va rester deux ans, trois ans, quatre ans. Non, on nous a pris pour une mission. Il nous reste deux semaines. On verra si on a réussi la mission à ce moment-là. Aujourd’hui c’était un copié collé de d’habitude.

Est-ce que ça peut être positif que les joueurs se prennent en main ?

On est là pour les accompagner. Il y a toujours eu des réunions de leaders de jeu, il y a toujours eu une prise de décision collective sur la stratégie, il y a toujours eu des propositions. Mercredi dernier vous parliez de cette réunion, heureusement qu’il y a eu une réunion. Ils ont eu besoin de nous dire que dans certaines zones du terrain, ils étaient plus à l'aise en faisant ça. C’est seulement des points stratégiques. C’est un échange technique.

Les discussions ont concerné simplement le sportif, par l’organisation du staff ?

Avec moi directement ? Non.

Les joueurs ont rencontré le président pour faire remonter des choses…

Les joueurs ont rencontré le président mais c'est toujours pareil. Oui, ils ont rencontré le président. On ne s'est pas fait convoquer pour nous dire ça “ ça ne nous convient pas, ça on n’en veut plus.” Je ne vais pas vous raconter un quotidien que je n’ai pas. Vous pouvez demander autour de vous, je dis la vérité, je ne mens pas. Il y a eu une réunion mercredi dernier mais elle n'a concerné que le jeu. Lundi, on s'est retrouvé, l'entraînement d'hier a été bon, celui d'aujourd'hui était bon. Demain on est off et vendredi on bascule sur le match. Mais je n'ai pas eu de réunion avec trente mecs assis devant moi.

Le contexte est quand même lourd avec ces réunions à trois semaines de disputer un barrage.

Peut-être, mais je n’ai pas le temps de m’attarder sur ça. Vous, je comprends, ça vous fait du boulot. Je ne veux pas rentrer là-dedans. Mon énergie est focus sur le cadre qu'on amène aux joueurs. On a besoin de stabilité de système, de stabilité dans notre structure d’entraînement de semaine parce qu’on est au gramme. On est treizième. On entend les mêmes choses en ce moment que lorsqu’on est arrivé. Il resterait dix matches je vous dirais chaud. Mais dans quinze jours, on est en barrage. On ne va pas se polluer avec ça. Il y a quelques années j’aurais répondu différemment mais vraiment différemment … Je ne dis pas que je fais abstraction, j'entends, je lis et j'écoute. Je sais comment j'entraîne, comment je manage, je sais quand je dois faire passer des messages quand je gueule.

Les joueurs ont-ils pu perdre de l’énergie la semaine dernière ?

C’était une semaine off. Peut-être qu'ils avaient besoin d'échanger entre eux. Mais je n'ai pas eu un piquet de grève lundi matin quand on est arrivé lundi matin (rires). J’aimerais vous dire le contraire. Vous avez vu l’entraînement, vous avez vu les mêmes personnes intervenir. Il n'y a rien de nouveau dans le fonctionnement. Moi, ce que je sais, c'est que je ne mens pas.

Quel est le plus important contre Lyon : la victoire ou la manière ?

Il faut qu’on retrouve l’émotion de la victoire. On a besoin de générer de l’émotion pour se sublimer. C’est ce qui nous manque depuis six matches.

Article original publié sur RMC Sport