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"Je n'ai pas envie d'être une star à l'américaine": comment Aya Nakamura a conquis le monde sans le vouloir

Aya Nakamura. - Fifou
Aya Nakamura. - Fifou

En moins de deux ans, la musique d'Aya Nakamura, qui sort ce vendredi son quatrième album, DNK, a conquis le public français et a dépassé les frontières de l'Hexagone pour trouver un auditoire aux États-Unis, en Asie ou en Amérique du Sud.

C'est avec son album Nakamura, sorti en 2018, que le succès d'Aya Nakamura prend un tournant international et qu'elle devient l'artiste féminine française la plus écoutée dans le monde sur Spotify.

Depuis, l'artiste franco-malienne est partout: elle est écoutée par Madonna, Rihanna ou Sam Smith, apparaît dans les magazines américains The New York Times et Forbes, est citée dans le reboot du Prince de Bel Air, s'affiche en format géant à Times Square, s'invite en concert dans le jeu américain Fortnite. Et lors de son passage à Paris, en juillet 2022, la chanteuse américaine Alicia Keys l'a conviée sur la scène de Bercy pour interpréter avec elle son tube Djadja.

Pourtant, contrairement à d'autres artistes, comme Stromae, qui imaginé très tôt sa carrière de façon internationale, Aya Nakamura n'a jamais eu pour ambition de conquérir la scène internationale. Elle chante en français et n'a jamais donné de concert hors de la France, depuis le début de sa carrière.

"Je ne me suis pas dit 'je vais devenir une star internationale', 'ce son-là il va être international', 'ce son-là il va tourner partout en Asie'. Je ne me suis jamais dit ça", livrait-elle ainsi au journaliste Mehdi Maïzi en décembre 2021.

L'artiste assure même être surprise d'apprendre que sa musique est écoutée par des auditeurs du monde entier jusqu'en Asie ou en Amérique du Sud.

"Je vois des pays de fou comme le Chili... Je suis étonnée à chaque fois. C’est pas forcément des pays visés et c’est là où tu vois la magie de la musique. Quand ça plaît, [...] il n’y a pas de règle", assure Aya Nakamura dans l'émission Basique en 2020.

"Je fais du Aya"

Pas de règle, mais une recette, le style Aya. Depuis ses débuts, en 2014, Aya Nakamura développe un style inspiré d'influences variées, puise dans ses origines maliennes et mélange du zouk, de l'afropop, du rap, du dancehall ou encore du R'n'B, ce qui lui permet de fédérer un large public.

Mais au-delà de cet assemblage de sonorités sans frontières qui lui est propre, Aya Nakamura propose également un phrasé inédit et facile à chanter, jonglant entre anglicismes, argot ou onomatopées. Un langage auquel même les non francophones succombent, n'en déplaise à une partie de ses détracteurs.

"Y'a de l'argot, y'a de l'afro, ça bouge et peut-être que ma voix plaît", confiait la chanteuse au micro de l'émission L'info du vrai, pour expliquer les raisons de son succès à l'international.

Une formule que l'artiste résume de manière simple: "Je fais du Aya". "J'arrive à faire de la pop, demain je fais du zouk... Mais ça reste la même manière de chanter. C'est aussi mon phrasé qui fait que c'est du 'Aya'", précise-t-elle au micro de BFMTV.

La consécration "Djadja"

C'est avec son premier tube, Djadja, sorti en 2018, que la chanteuse conquiert le public français et traverse les frontières. Avec son refrain entêtant et facile à chanter (Oh Djadja, y'a pas moyen Djadja), ce morceau, qui comptabilise à ce jour plus de 900 millions de vues sur YouTube, a séduit le monde entier.

Jusqu'aux Pays-Bas où pour la première fois depuis 1961, une chanson francophone d'une artiste féminine se hisse à l'époque en tête des ventes. Aya détrône ainsi Édith Piaf, qui avait auparavant réussi cet exploit avec Je ne regrette rien.

"Avec Aya, qui fait de la musique en français, on pourrait penser que son public potentiel à l’international est limité, mais en fait pas du tout. On n’a jamais vu ça", indique Loan Paturle, responsable du développement international pour le label Rec. 118 (label d'Aya Nakamura), dans les colonnes du journal Le Monde.

Ce succès lui permet ainsi d'être nommée dans la catégorie meilleur artiste internationale aux BET Awards en 2019 - une première pour une artiste féminine française - mais aussi de décrocher une place dans la prestigieuse programmation du festival américain Coachella en 2020 (qui n'a finalement jamais eu lieu en raison de la pandémie).

Nommée artiste française de l'année aux Apple Music Awards fin 2021, elle confie au journaliste Mehdi Maïzi, ne pas avoir eu trop de regrets de rater cette opportunité. "J'ai eu un peu le seum, mais je me dis 'ce n'est pas grave'. Je crois beaucoup au destin. Si je dois faire Coachella je le ferai. Je suis très honorée d'avoir été invitée."

Adoubée par Rihanna et Madonna

Djadja fait aussi danser les stars internationales. En 2019, la popstar Madonna filme sa troupe de danseurs en train de "s'ambiancer" sur la célèbre chanson en coulisses d'un concert.

L'année suivante, l'artiste de 64 ans récidive et filme ses deux filles, qui écoutent et chantent ce tube. Autre consécration pour Aya Nakamura: en 2020 la chanteuse Rihanna s'affiche à son tour sur les réseaux sociaux en train de danser sur Djadja lors d'une soirée.

"Je suis hyper étonnée. Quand je vois des stars internationales comme Madonna ou Rihanna chanter ou danser sur ma chanson et d'autres en français, je me dis que la musique n'a vraiment pas de frontières", avait réagi Aya Nakamura à l'époque dans les colonnes du Parisien.

Ajoutant avec ironie: "Moi qui pensais que les Américains avaient du mal avec les langues étrangères, cela me prouve le contraire."

La puissance des réseaux sociaux porte même la voix d'Aya Nakamura de l'autre côté du globe. Fin 2022, sa musique rencontre ainsi une étonnante de popularité du côté de l'océan Pacifique grâce à Steeve West. Originaire de Nouvelle Calédonie, ce Dj amateur remixe le morceau Nirvana d'Aya Nakamura, extrait de son album Aya, qui devient viral sur TikTok.

Rapidement le titre est repris dans plus de 2 millions de vidéos, principalement dans les pays d'Asie et permet à Aya Nakamura de conquérir un tout nouveau public, et ce, sans aucune stratégie marketing. "C'est lunaire", commente même la diva dans Le Monde.

"Sa musique résonne dans des endroits où l’on n’a jamais rien planifié Aya illustre parfaitement la manière dont le monde est aujourd’hui interconnecté", analyse Loan Paturle dans 'Le Monde'.

"Je n’ai pas envie d’être une star américaine"

Aya Nakamura a eu l’occasion de collaborer avec des stars internationales. Que ce soit dans le rap, dans la pop ou dans le reggaeton, tout le monde la sollicite pour un couplet. C'est le cas du trio de DJ américains Major Lazer, avec qui Aya Nakamura a collaboré en 2021 sur le titre C'est cuit, aux côtés du rappeur Swae Lee.

"Je voulais travailler avec elle depuis longtemps, elle est unique, c'est la reine de ce mélange de sons, un peu d'Afrique de l'Ouest, un peu caribéen aussi, un peu zouk, un peu dancehall, un peu afro-pop", expliquait Diplo, membre du trio Major Lazer, à l'AFP.

Sur ses propres albums, Aya Nakamura s'offre également la présence d'invités internationaux, tels que les artistes britanniques Stormzy et Ms Banks, sur son disque Aya (2020) ou encore le rappeur portoricain Myke Towers, sur son nouveau projet DNK.

Mais l'ambition d'Aya Nakamura est ici davantage musicale que commerciale. Loin de l'objectif d'aller chercher à tout prix des auditeurs dans d'autres pays, la chanteuse assure simplement avoir travaillé avec ces artistes parce qu'elle trouvait que "musicalement ça collait bien" avec son univers.

"Quand les gens me demandent: qu'est ce que ça te fait d'être connue internationalement, je leur dis: 'Je ne suis pas euphorique'", confiait-elle en 2020 à l'AFP.

Et de conclure, dans une interview au journal Le Monde: "C’est très difficile de trouver son public là-bas (aux États-Unis, ndlr) quand on est Français. Je n’ai pas envie d’être une star américaine. Je suis tranquille."

Article original publié sur BFMTV.com