«Il n’y a pas de différence entre un film historique et un film de science-fiction»

A l’occasion de la sortie de «Zama», la réalisatrice Lucrecia Martel évoque les décors minimalistes du tournage et le rapport au temps.

Dès son premier film, La Ciénaga (2001), Lucrecia Martel s’imposa comme une immense cinéaste et, accessoirement, comme la plus prestigieuse représentante de ce que l’on appelait alors «le nouveau cinéma argentin», dénomination qu’elle trouve fallacieuse. A son premier coup de maître en succéda un deuxième, La Niña Santa (2003), doublé qui fit un peu sous-estimer son troisième opus, la Femme sans tête (2008), pourtant passionnant. Depuis, on avait seulement eu quelques échos d’un projet de SF abandonné. Ou de son engagement dans les débats sur la légalisation de l’IVG en Argentine (selon elle, «le féminisme est le dernier mouvement politique qui s’intéresse encore au corps»). En adaptant Zama, complexe roman d’Antonio Di Benedetto, elle n’a pas choisi la facilité pour son retour. Le film se déroule au XVIIIe siècle, dans une colonie d’Amérique latine, où un juge attend d’être muté à Buenos Aires. Plus qu’un film historique, Zama est une sorte expérience spatio-temporelle où l’on se perd avec fascination. La cinéaste en prolonge le vertige dans cet entretien, à travers des pensées qui décollent souvent très haut, sans pour autant perdre le cinéma de vue.

Qu’avez-vous fait pendant les neuf ans qui séparent la Femme sans tête de Zama ?

J’ai fait des recherches pour un documentaire que je m’apprête à réaliser, sur l’assassinat d’un leader indigène. Ce sera à la fois un film sur la dépossession des terres et sur la photo. Avant ça, j’ai travaillé sur un film de SF qui ne s’est pas fait à cause d’une mésentente avec les producteurs : l’Eternaute, l’adaptation d’une BD des années 50 très iconique en Argentine, dont les protagonistes cherchent à échapper à une invasion extraterrestre à Buenos Aires, en voyageant dans le temps.

Travailler longuement sur un projet de SF a-t-il eu une influence sur Zama, film d’époque à la temporalité très (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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