Il n’y a pas d’art sans politique
L'art ne se remet pas de son époque. Et il y va de la création comme de la politique, elle ne peut s'exonérer du cadre où elle prospère, des mœurs, des convictions, ce qu'on appelle l'esprit du temps. Les scandales sont désormais indissociables des manifestations d'ordre culturel, sans d'ailleurs que l'on comprenne toujours l'intention de leurs auteurs, en témoigne l'effroi qui a gagné le Festival de Cannes quand s'est propagée la rumeur de la diffusion d'une liste de potentiels agresseurs.
La vague MeToo n'est pas la seule manifestation de ce phénomène. Les artistes, longtemps préservés, du moins symboliquement, jouent un nouveau rôle, d'ordre judiciaire, accusés ou procureurs. La liberté, l'insolence, la provocation ne sont plus des motifs recevables. Le cabotinage outrancier, provocateur et volontairement sulfureux d'un Serge Gainsbourg, par exemple, serait aujourd'hui inimaginable. Ça n'est ni bien ni mal, c'est ainsi. La règle vaut pour le cinéma, mais aussi pour la littérature, la musique, la télévision, etc.
À LIRE AUSSI #MeToo cinéma : la fin de la toute-puissance du réalisateurLe monde serait devenu fou en ne distinguant pas l'œuvre de l'artiste, le talent d'inacceptables comportements. Ce phénomène s'est déjà produit, et Virginia Woolf, dans un de ses plus passionnants essais (tiré d'une conférence donnée en 1940) sur la littérature, La Tour penchée, s'y était intéressée. Elle remarque qu'après les campagnes de Napoléon, qui se terminent en 1815, l [...] Lire la suite