Nîmes : Darmanin déplore un « immense drame » après la mort d’un enfant de 10 ans dans un apparent règlement de comptes

Gérald Darmanin, ici à l’Élysée à Paris, le 24 mai 2023.
Gérald Darmanin, ici à l’Élysée à Paris, le 24 mai 2023.

FAITS DIVERS - Un enfant de 10 ans est mort lundi soir, victime d’une fusillade à Nîmes. Les faits se sont déroulés à Pissevin, un quartier populaire gangrené par les trafics de stupéfiants.

« Suite à des échanges de tirs intervenus au sein du quartier Pissevin, à l’ouest de Nîmes, un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger », a précisé la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac dans un communiqué.

« C’est un immense drame qui ne restera pas impuni. La police a déjà interpellé de nombreux trafiquants ces dernières semaines et va intensifier sa présence avec fermeté », a réagi sur Twitter (rebaptisé X) le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, en annonçant pour la journée l’arrivée de certains membres de la CRS 8, une unité de policiers spécialisés dans la gestion des violences urbaines actuellement déployée à Marseille.

Selon les premiers éléments de l’enquête, le garçon se trouvait à l’arrière d’un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30. Le conducteur, son oncle, âgé de 28 ans, a lui aussi été blessé par balles. Un autre des neveux de cet homme, âgé de 7 ans, qui se trouvait à l’arrière, est lui sorti sain et sauf.

L’oncle « a eu la force, la ténacité et le réflexe de se diriger immédiatement lui-même vers les services des urgences du centre hospitalier de Nîmes », bien qu’il ait été touché, a souligné  a affirméla procureure de Nîmes Cécile Gensac., lors d’un point sur place dans le quartier nîmois de Pissevin, précisant que la fusillade a bien eu lieu « en lien » avec la guerre pour le trafic de drogues.

Elle a confirmé que l’enfant de 10 ans tué a bien été touché par balles : « Il est établi que ce mineur a reçu un projectile, une balle probablement, et ce sera confirmé par les investigations scientifiques, dans une zone visiblement létale ».

Cette famille vit « une tragédie des plus absolues », a souligné la procureure et « fait partie de ces habitants du quartier (...) à qui il faut absolument assurer la sécurité de vie du quotidien », a-t-elle insisté.

Selon ses déclarations aux enquêteurs, le conducteur pensait que son neveu de 10 ans était sorti de la voiture lors des tirs, mais ce dernier, touché par balle, était en fait coincé dans sa ceinture de sécurité à l’extérieur du véhicule et aurait donc été trainé sur la chaussée sur près de deux kilomètres.

De source policière, l’oncle de l’enfant n’est pas connu de la police. Il a trois impacts de balles dans le dos mais son pronostic vital n’est pas engagé. Toujours de source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi matin.

La famille n’était « absolument pas » connue de la justice

La famille de l’enfant tué est une victime collatérale et « n’est absolument associée d’aucune façon » à des faits punissables par la justice, a affirmé par la suite la procureure de Nîmes Cécile Gensac. « Indéniablement, la famille de la victime n’est absolument associée d’aucune façon, ni avant ni actuellement, dans des faits de nature pénale », elle « a eu pour seul malheur de passer au mauvais endroit au mauvais moment », a affirmé la magistrate, lors d’un point sur place dans le quartier nîmois de Pissevin, précisant que la fusillade a bien eu lieu « en lien » avec la guerre pour le trafic de drogues.

« Je suis profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame », a lui réagi dans un communiqué le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, déplorant une « situation qui s’envenime de jour en jour et prend des proportions non maîtrisées ». L’élu LR a demandé au passage « l’affectation à demeure d’une compagnie de CRS » à Nîmes, pour faire face à une situation « devenue invivable ».

Ce quartier de Pissevin est le même où un homme de 39 ans avait été abattu en janvier, déjà dans une fusillade sur fond de trafic de stupéfiants.

Selon des chiffres de l’ancien procureur de Nîmes, Éric Maurel, une quinzaine de règlements de compte avaient fait huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, la plupart dans les quartiers de Pissevin, du Chemin Bas et du Mas de Mingue, trois secteurs périphériques de Nîmes constitués de barres d’immeubles et de tours.

Le quartier de Pissevin, dit de « reconquête républicaine »

Ces trois quartiers avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l’exode rural, des rapatriés d’Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants. À Pissevin, 70 % des 13 000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46 %.

« Ces assassinats sont en lien direct avec le narcobanditisme et sont des règlements de compte dans le cadre soit de guerres de territoire, soit de conflits commerciaux », avait alors précisé Éric Maurel : « On est en présence d’individus parfois très jeunes qui ont accès à des armes de guerre, notamment des fusils d’assaut de type Kalachnikov AK-47 ou M-16 », soulignait le magistrat, estimant que Nîmes était devenue quasiment « une centrale d’achat de la drogue ».

Le quartier de Pissevin, dit de « reconquête républicaine », avait fait parler de lui en juin quand un journaliste reporter d’images y avait été agressé par deux hommes. La mairie avait alors décidé d’y fermer jusqu’à nouvel ordre la médiathèque municipale, évoquant l’aggravation des violences liées aux trafics de drogue.

Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, avait alors réclamé « l’affectation de façon quasi-permanente d’une unité de force mobile ».

À l’occasion de ces faits, la procureure de Nîmes Cécile Gensac avait souligné que, depuis un an, « 138 jugements concernant 66 auteurs ont été rendus » en matière de drogues à Nîmes, « soit une hausse de 253,7 % des décisions de condamnations pénales ».

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