Un néoconservateur chasse l'autre

La Maison-Blanche n’a même pas essayé de sauver les apparences. Alors que de nombreuses voix, dans le monde entier, réclamaient une plus grande transparence dans le processus de sélection du successeur de Paul Wolfowitz à la Banque mondiale, l’administration Bush a annoncé hier que le président américain nommerait aujourd’hui Robert Zoellick à la tête de l’institution. Ex-représentant spécial américain pour le Commerce de 2001 à 2005, puis numéro deux du département d’Etat, il est depuis 2006 conseiller international à la banque d’affaires Goldman Sachs.

“Certains observateurs pensaient que la Maison-Blanche aurait fourni à la Banque mondiale une liste de candidats parmi lesquels son conseil d’administration aurait fait son choix”, relève The Washington Post. Mais selon Henry Paulson, le secrétaire au Trésor, le gouvernement “a décidé de ne proposer qu’un seul nom afin de mettre rapidement fin à la crise” ouverte à la Banque mondiale à la suite de la démission forcée de Wolfowitz. Impliqué dans une affaire de népotisme, ce néoconservateur, qui fut l’un des artisans de la guerre en Irak, quittera ses fonctions le 30 juin.

Contrairement à Wolfowitz, son successeur n’est pas considéré comme “rigide d’un point de vue idéologique”, poursuit le quotidien de Washington. Rien n’est pourtant moins sûr, rétorque Salon. “On essaye de nous faire avaler que Zoellick, qui a longtemps été l’homme du libre-échange de l’administration Bush, n’est pas un idéologue. Ce serait un négociateur pragmatique, le genre de personne qui peut élaborer de complexes accords commerciaux sans s’enliser dans des impératifs moraux.” Or, rappelle le journal en ligne, Zoellick est l’un des signataires d’une lettre adressée en 1998 au président Clinton pour réclamer le “renversement de Saddam Hussein”.

Pour l’anecdote, son nom figurait au bas de ce texte aux côtés de ceux de néoconservateurs éminents, tels Donald Rumsfeld, Richard Perle et… Paul Wolfowitz. Deux ans plus tard, ajoute Salon, dans un texte publié dans Foreign Affairs, Zoellick affirmait qu’une “politique étrangère républicaine moderne part du principe qu’il existe toujours des forces malfaisantes dans le monde – ces gens qui haïssent les Etats-Unis et les idées qu’ils défendent.” Difficile de faire plus idéologique…

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