Les négociations commerciales entre l'UE et le Mercosur se poursuivent, selon Bruxelles qui réprimande Emmanuel Macron

"Les discussions se poursuivent et l'UE continue à poursuivre son objectif de parvenir à un accord qui respecte (...) les sensibilités, en particulier dans le secteur agricole ", a déclaré le principal porte-parole de l'exécutif européen aux journalistes.

Ces remarques visaient à dissiper les affirmations d'un fonctionnaire de l'Élysée selon lesquelles M. Macron, un fervent opposant à l'accord, avait personnellement convaincu la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, d'ordonner aux négociateurs d'interrompre les pourparlers.

Cette déclaration est intervenue alors que les agriculteurs ont ordonné un siège de Paris dans le cadre de vastes manifestations de protestation contre le gouvernement de M. Macron. Parmi la colère des agriculteurs français figurent les accords de libre-échange conclus par l'UE avec des pays tiers qui, selon eux, inondent les marchés européens de produits bon marché et de qualité médiocre, réduisant ainsi leurs bénéfices.

"La Commission européenne a compris qu'il était impossible de parvenir à une conclusion dans ce contexte. Je pense qu'elle a vu la situation en France, en Allemagne, en Pologne, aux Pays-Bas, en Europe", a déclaré le représentant du gouvernement français lundi, faisant référence aux manifestations d'agriculteurs qui ont éclaté à travers le continent.

"Nous comprenons qu'elle (la Commission) a demandé à ses négociateurs de mettre fin aux sessions de négociations au Brésil", a ajouté le fonctionnaire.

L'exécutif européen a toutefois assuré que les négociations sur l'accord - qui ouvrirait le libre-échange entre l'UE et le bloc commercial sud-américain couvrant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay - étaient "en cours" et avaient eu lieu pas plus tard que la semaine dernière.

"Je rappelle que c'est la Commission qui négocie les accords de libre-échange sur la base d'un mandat reçu par les Etats membres", a déclaré le porte-parole de l'exécutif européen pour l'agriculture et le commerce.

"C'est la Commission et uniquement la Commission", a-t-il ajouté.

L'Union européenne mène des négociations commerciales avec le Mercosur depuis plus de vingt ans. Un accord provisoire conclu en 2019 a été retardé, en partie en raison des préoccupations de la France concernant l'impact des importations sans droits de douane de produits agroalimentaires sur les agriculteurs français.

Un agriculteur qui manifestait mardi en Belgique voisine a déclaré à Euronews qu'il avait l'impression que les Européens étaient "forcés de ne pas produire chez eux mais d'importer de l'étranger", malgré des normes moins strictes.

La France a demandé à plusieurs reprises la réouverture de l'accord de 2019 afin d'y inclure des clauses sociales et environnementales, mais l'exécutif européen s'y est opposé.

Il est à craindre que les ramifications politiques du soulèvement des agriculteurs ne renforcent encore l'opposition de la France.

L'accord s'est également heurté à des obstacles politiques outre-Atlantique, Bruxelles craignant récemment que la victoire électorale du libertarien de droite Javier Millei en Argentine ne fasse capoter l'accord. M. Millei a menacé de quitter le Mercosur lors de sa campagne électorale, mais Bruxelles a continué d'insister sur le fait qu'elle travaillait à la conclusion d'un accord.

Tout accord conclu par l'exécutif européen avec le Mercosur ou tout autre pays ou marché tiers devra être ratifié par les 27 États membres et le Parlement européen.

"A l'heure actuelle, la Commission considère que les conditions pour conclure les négociations avec le Mercosur ne sont pas réunies, a déclaré la Commission, ce qui indique que les négociations continuent d'être entravées par des difficultés.

M. Macron devrait aborder la question lors d'une réunion bilatérale avec Mme von der Leyen en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE jeudi.

Son gouvernement a déjà fait des concessions en réponse aux manifestations des agriculteurs, notamment en réduisant les taxes sur le carburant et les formalités administratives. Toutefois, alors que les manifestations se poursuivent sans relâche et que l'on craint que les partis français d'extrême droite ne capitalisent sur le mécontentement des agriculteurs, M. Macron devrait réitérer sa ferme opposition à l'accord du Mercosur.

La Commission a déclaré que l'intérêt des agriculteurs était une "priorité" dans toutes ses négociations de libre-échange avec les pays tiers.