Le mythe napoléonien est-il mort ?
Dans son ricanement, Internet a peut-être trahi une vérité. Une illustration devenue virale y représente l'ancien Empereur des Français prostré sur un rocher dans son exil de Sainte-Hélène, traçant avec un bâton un « N » sur le sable. En légende, cette phrase fataliste : « There is nothing we can do. » Une trivialisation qui symbolise la mort du mythe napoléonien.
Telle est la thèse développée par l'historien britannique Mark Mazower dans une tribune publiée dans le New York Times à l'occasion de la sortie du film de Ridley Scott. Élan de lucidité ou fantasme britannique ? Le professeur à l'université de Columbia s'explique pour Le Point.
À LIRE AUSSI « Napoléon » de Ridley Scott : l'étrange vision britannique de la campagne d'ÉgypteLe Point : Le Napoléon de Ridley Scott présente un personnage qui nous intrigue toujours, mais ne nous fascine plus, écrivez-vous en substance dans le New York Times…
Mark Mazower : Bien sûr, personne ne nie son importance historique colossale, et il continue d'intéresser. Mais cet intérêt a changé de nature. Nous nous intéressons à lui comme à Alexandre le Grand ou à Gengis Khan, pas comme à Staline ou Hitler, qui déchaînent toujours les passions et sur lesquels on ne peut poser un regard neutre. Cette figure historique est devenue plus distante.
Pourquoi ?
À bien des égards, le monde a changé depuis le XIXe siècle, que Napoléon a dominé. Il a vécu au moment de la Révolution française, des tout débuts de la politique de masse, il [...] Lire la suite