Mutinerie, insurrection, coup d’État… : tous les putschs ne se valent pas

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Fondé à Boston, aux États-Unis, en 1908, The Christian Science Monitor n’est plus imprimé quotidiennement depuis 2009 et se concentre sur son site Internet. Une version papier continue de paraître de façon hebdomadaire. Il est réputé pour sa couverture des affaires internationales et le sérieux de ses informations nationales.

Toutes les semaines, nous publions sa chronique “En un mot”, qui s’intéresse à “l’histoire, la puissance et la beauté du langage courant”.

Des membres du Groupe Wagner quittent le quartier général du district militaire sud à Rostov-sur-le-Don pour retourner dans leur base le 24 juin 2023.. PHOTO ROMAN ROMOKHOV/AFP
Des membres du Groupe Wagner quittent le quartier général du district militaire sud à Rostov-sur-le-Don pour retourner dans leur base le 24 juin 2023.. PHOTO ROMAN ROMOKHOV/AFP

Comment qualifier les événements survenus en Russie [à la fin du mois de juin], lorsque Evgueni Prigojine [décédé le 23 août dans un crash d’avion] et les mercenaires du groupe Wagner ont entrepris de marcher sur Moscou ?

Les médias ont parlé de “coup d’État”, de “mutinerie”, d’“insurrection”, de “rébellion” et de “putsch”.

Or, si tous ces mots désignent plus ou moins la même chose – une lutte contre un pouvoir en place –, ils ne sont pas synonymes pour autant.

Chacun comporte ses propres nuances, à propos de l’ampleur du soutien reçu, des objectifs, et de la réussite – ou non – de l’opération.

“Coup d’État de brumaire an VIII”, gravure de Giacomo Aliprandi. Le 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799), Bonaparte dissout le Conseil des Cinq-Cents par la force. Sous prétexte de défendre la Révolution, il asseoit son pouvoir personnel . Photo LEEMAGE/AFP
“Coup d’État de brumaire an VIII”, gravure de Giacomo Aliprandi. Le 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799), Bonaparte dissout le Conseil des Cinq-Cents par la force. Sous prétexte de défendre la Révolution, il asseoit son pouvoir personnel . Photo LEEMAGE/AFP

Au départ, les journalistes ont évoqué une “tentative de coup d’État”. L’expression “coup d’État” semble avoir été utilisée pour la première fois pour décrire la prise de pouvoir de Napoléon, en France, en 1799.

Elle désigne l’éviction soudaine d’un gouvernement par un petit groupe d’individus proches du pouvoir ou investis d’une autorité, dans le but de prendre sa place.

Des membres du Groupe Wagner positionnés dans un immeuble de Rostov-sur-le-Don, le 24 juin 2023.. PHOTO ROMAN ROMOKHOV/AFP
Des membres du Groupe Wagner positionnés dans un immeuble de Rostov-sur-le-Don, le 24 juin 2023.. PHOTO ROMAN ROMOKHOV/AFP

Son utilisation paraît donc inappropriée dans le cas du groupe Wagner, non seulement car Prigojine et ses hommes ne cherchaient pas à s’asseoir dans le fauteuil de Vladimir Poutine – de l’avis de plusieurs experts –, mais aussi car leur opération a échoué.

Le putsch, “un coup d’État raté”

En effet, la locution “coup d’État” “suggère l’idée d’un renversement parfaitement orchestré et réussi”, affirmait l’éditorialiste William Safire (aujourd’hui décédé), à propos d’un autre soulèvement russe.

Le mot “putsch”, lui, vient de l’allemand et signifie littéralement “coup” [en Suisse]. L’exemple le plus connu est certainement le putsch de Munich mené par Hitler et 2 000 de ses partisans, en 1923, pour s’emparer du pouvoir en Bavière.

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