Qui est Mustafa Suleyman, le nouveau responsable de l'IA chez Microsoft ?

Qui est Mustafa Suleyman, le nouveau responsable de l'IA chez Microsoft ?

Microsoft a annoncé qui dirigera sa nouvelle division d'intelligence artificielle (IA) et, étonnamment, il ne s'agira pas du PDG d'OpenAI, Sam Altman.

En effet, le pionnier britannique de l'IA, Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind, la branche de Google spécialisée dans le développement de l'IA, a été nommé mardi à la tête de Microsoft AI.

Qui est-il et pourquoi l'accord entre Microsoft et sa start-up reste-t-il un peu mystérieux ?

Mustafa Suleyman a 39 ans et a grandi dans le nord de Londres. Son père est un chauffeur de taxi syrien et sa mère est une infirmière anglaise. Il a fréquenté l'université d'Oxford, mais a abandonné ses études à l'âge de 19 ans.

Il a participé à la création d'un service de conseil téléphonique pour les musulmans, puis a créé une société de conseil qui s'occupe de questions sociales et travaille avec des clients tels que les Nations unies.

Il a ensuite fondé la société d'IA DeepMind Technologies en 2010, qui a été vendue à Google quatre ans plus tard pour 400 millions de livres sterling (près de 470 millions d'euros).

Le dernier accord conclu avec Microsoft risque d'être une piqûre de rappel pour Google, qui tente également de renforcer son arsenal en matière d'IA.

Mustafa Suleyman a continué à travailler avec DeepMind jusqu'en 2019, date à laquelle, selon le Wall Street Journal, il a été mis en congé à la suite d'une enquête sur des plaintes concernant des actes d'intimidation à l'encontre du personnel.

L'entreprise a engagé un avocat externe pour enquêter et, par la suite, Mustafa Suleyman a quitté DeepMind pour occuper un poste de vice-président au sein de la société mère Google (aujourd'hui Alphabet).

En 2022, Mustafa Suleyman a quitté Google et a cofondé Inflection AI, un nouveau laboratoire visant à construire une "IA pour aider les humains à "parler" aux ordinateurs".

S'emparer des jeunes pousses

L'année dernière, à l'instar de nombreuses entreprises d'IA, Inflection a lancé un chatbot appelé "Pi", qui dialogue avec les utilisateurs et est considéré comme une IA personnelle amicale. La start-up a levé près de 1,2 milliard d'euros, avec Microsoft comme principal actionnaire, et sa valorisation s'élève à 4 milliards de dollars.

Qu'advient-il d'Inflection AI ? S'agit-il d'une nouvelle acquisition de start-up d'IA par Microsoft, qui a déjà OpenAI et Mistral à son actif ?

Pas exactement, et la raison en est peut-être que Microsoft fait l'objet d'un examen minutieux de la part de la Commission européenne et de la Commission fédérale du commerce des États-Unis, qui l'accusent d'avoir potentiellement enfreint les règles de la concurrence dans le cadre de son accord avec OpenAI.

La Commission fédérale du commerce examine également les accords conclus entre Google et la start-up d'IA Anthropic, ainsi qu'entre Amazon et Anthropic. L'UE examine également l'accord entre Microsoft et Mistral.

Sous l'œil attentif des régulateurs, la nomination de Mustafa Suleyman à la tête de la division IA de Microsoft pourrait être un moyen de s'approprier l'entreprise sans annoncer d'accord officiel.

Les communiqués de presse de _Microsoft i_ndiquent qu'il s'agit d'une "mise à jour organisationnelle" et que seuls "plusieurs membres" de l'équipe d'Inflection, en plus des deux cofondateurs, sont transférés chez Microsoft.

En attendant, l'avenir du chatbot Pi d'Inflection n'est pas clair. L'entreprise a embauché un nouveau PDG et affirme qu'elle vendra des bots personnalisés aux entreprises.

"Je suis ravi d'annoncer que je rejoins aujourd'hui @Microsoft en tant que PDG de Microsoft AI", a écrit Mustafa Suleyman sur X. "Je dirigerai l'ensemble des activités grand public de Microsoft AI".

"Je dirigerai tous les produits d'IA grand public et la recherche, y compris Copilot, Bing et Edge".

Quelle que soit la nature de l'opération, elle montre que les grandes entreprises technologiques sont en train de devenir les patrons de l'IA et, d'une manière ou d'une autre, de s'emparer des jeunes pousses.