Musk met au défi un juge brésilien qu'il accuse de "censure"

Elon Musk, propriétaire du réseau social X (ex-Twitter) à Cracovie le 22 janvier 2024 (Sergei GAPON)
Elon Musk, propriétaire du réseau social X (ex-Twitter) à Cracovie le 22 janvier 2024 (Sergei GAPON)

Elon Musk, propriétaire du réseau social X (ex-Twitter), est revenu à la charge lundi contre un juge de la Cour suprême brésilienne qu'il accuse de "censure" et qualifie de "dictateur", en le mettant au défi de débattre avec lui.

Le milliardaire s'en était déjà pris au magistrat brésilien Alexandre de Moraes tout au long du week-end, avec de nombreuses provocations sur la plateforme qu'il a rachetée en octobre 2022.

M. Musk a notamment insinué qu'il allait contester les décisions judiciaires de ce magistrat qui a ordonné le blocage de plusieurs comptes soupçonnés de propager la désinformation, affirmant qu'il allait "lever toutes les restrictions".

Celui qui est également patron de Tesla et Space X a réclamé la "démission ou la destitution" de ce magistrat à la fois influent et clivant au Brésil.

Alexandre de Moraes n'a pas répondu sur le réseau social, mais il a déclaré dimanche qu'il imposerait des amendes d'environ 20.000 dollars, environ 18.400 euros, par jour pour chaque compte bloqué que X réactive et également ordonné l'ouverture d'une enquête contre M. Musk, évoquant une supposée "instrumentalisation criminelle de X".

Elon Musk a une nouvelle fois visé le juge lundi sur la plateforme, sur le ton d'une provocation en duel: "Qu'en dis-tu, @Alexandre? Débattons lè-dessus pour de vrai".

Dans un autre message, il a plaisanté en se positionnant comme le psychanalyste de M. Moraes. "Dites-moi, Alexandre, est-ce que la désinformation est dans la pièce avec nous maintenant ?" a écrit M. Musk, en référence à un mème bien connu.

Plus tard, il s'en est à nouveau pris au magistrat brésilien : "Comment @Alexandre de Moraes est-il devenu le dictateur du Brésil ? Il tient Lula en laisse."

"La loi s'applique à tous, y compris à @Alexandre. Il devrait être jugé pour ses crimes", a ajouté Elon Musk sur le réseau social.

L'an dernier, il avait réclamé un combat de MMA (arts martiaux mixtes) contre le patron de Meta Mark Zuckerberg, un de ses principaux concurrents, lançant une passe d'armes qui avait enflammé les réseaux.

Alexandre de Moraes est un des onze membres de la Cour suprême brésilienne. Il préside également le Tribunal supérieur électoral (TSE).

Il a ordonné le blocage de comptes de personnalités influentes sur les réseaux sociaux, la plupart d'entre elles étant des sympathisants de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).

Des personnalités politiques ultra-conservatrices ont lancé un manifeste en défense d'Elon Musk et son appel à la destitution d'Alexandre de Moraes.

"Impeachment", le mot utilisé au Brésil pour la destitution, qui relève du Sénat pour un juge de la Cour suprême, était en tête des trending topics sur X lundi.

Mais de nombreuses voix se sont également élevées pour soutenir le magistrat.

Le président de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, a déclaré dans un communiqué que "toute entreprise qui opère au Brésil est soumise à la constitution".

"Les décisions judiciaires peuvent faire l'objet de recours, jamais de désobéissance délibérée", a-t-il insisté.

Le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, a dit pour sa part que la régulation des réseaux sociaux était "inévitable".

"Ce n'est pas de la censure (...), ce sont des règles pour l'utilisation de ces plateformes", a-t-il expliqué.

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