La députée LREM Laetitia Avia aurait utilisé des ressources parlementaires pour mener sa campagne municipale à Paris

Laetitia Avia aurait utilisé sa permanence parlementaire pour organiser des réunions de campagne et aurait fait travailler ses assistants parlementaires pour la campagne des municipales.

Selon des informations de Mediapart, la députée LREM Laetitia Avia a fait appel à des assistants parlementaires pour préparer la campagne municipale du parti dans le 12e arrondissement de Paris, ce qui est interdit par le code électoral.

Ce sont des révélations dont le parti présidentiel se serait bien passé. À quelques jours du second tour des élections municipales qui s’annonce compliqué pour LREM, Mediapart révèle que des assistants parlementaires ont travaillé pour la campagne municipale de La République En Marche à Paris.

Laetitia Avia, candidate sur la liste LREM du 12e arrondissement de la capitale, aurait utilisé des ressources parlementaires pour mener la campagne municipale, ce qui est formellement interdit par le code électoral. Ce dernier interdit en effet à un député d’utiliser sa permanence parlementaire pour organiser des réunions de campagne ou encore de faire travailler ses assistants parlementaires pour des tâches qui ne concernent pas le mandat législatif, comme l’aurait fait la porte-parole d’En Marche. Bien qu’elle démente ces accusations, plusieurs documents que s’est procuré Médiapart confirment, selon le média en ligne, que la député n’a pas tenu compte de ces lois.

“Tenir cela discrètement”

Selon plusieurs témoignages, au mois de septembre dernier, la députée LREM a organisé une réunion lors de sa permanence parlementaire qui était consacrée aux élections municipales. Si son avocat assure qu’il a été “question du rôle des élus” et que “aucun candidat n’était investi et aucun programme discuté”, une des assistantes parlementaires de Laetitia Avia voulant rester anonyme affirme que le but de cette réunion était “de convaincre les militants qu’une candidature de Christine Mounau était pertinente pour le XIIe”. “J’ai même été chargée d’organiser en termes de logistique cette réunion”, a t-elle ajouté. La députée avait d’ailleurs envoyé l’invitation via l’application de messagerie Telegram, dans un groupe intitulé “P12 – Équipe de campagne”.

Un militant également joint par Mediapart confirme par ailleurs que d’autres réunions de ce type ont été organisées secrètement dans son local parlementaire. Une des consignes était d’ailleurs de “ne surtout pas prendre de photos pour tenir cela discrètement”.

“Je ne pense pas que ce soit très casher”

L’un des collaborateurs de Pacôme Rupin, avec qui Laetitia Avia partage son local parlementaire, et les collaborateurs de cette dernière étaient pourtant au courant de ces pratiques non-autorisées par le règlement de l’Assemblée et le code électoral. “Je ne pense pas que ce soit très casher. Mais oui la perm’ est libre”, répondait le collaborateur de Pacôme Rupin, lorsqu’on lui demandait si le local était disponible pour organiser une réunion. “C’est pour ça que je te préviens. Je ne peux rien faire de plus malheureusement […], tu connais Laetitia”, répliquait une assistante parlementaire de Laetitia Avia.

Tout le monde semblait alors au courant de cette pratique illégale, comme l’explique la Commission nationale des comptes de campagne à Mediapart : “Les permanences parlementaires sont consacrées au travail parlementaire du député et non à ses campagnes électorales, et aucun parlementaire n’est censé ignorer cette règle. Cela est contraire à l’article L52-8 du code électoral, qui précise que l’argent des personnes morales ne peut intervenir dans une campagne électorale.”

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En plus de ces réunions, Laetitia Avia aurait fait travailler de septembre à mars au moins deux de ses assistants parlementaires, sur leur temps de travail, pour les élections municipales, comme le révèlent certains messages. “[Ma collaboratrice] va se mettre à ta disposition pour t’aider à préparer ton dossier. Elle va aussi t’envoyer les notes de préparation de mes rdv circo”, envoi-t-elle à Christine Mounau, qu’elle pousse pour être tête de liste LREM à la place de Sandrine Mazetier. Une nouvelle fois, l’avocat de la députée dément ces accusations, en affirmant que la collaboratrice en question a travaillé sur son temps libre, ce que ne confirme pas le relevé des jours travaillés du mois de septembre que s’est procuré Médiapart.

Visiblement au courant de ces pratiques illégales, la porte-parole d’En Marche a demandé à sa collaboratrice voulant rester anonyme d’envoyer un mail à destination des militants en précisant bien d’envoyer ce courrier via sa messagerie “En Marche” et non “Assemblée nationale”.

Des frais de taxis remboursés avec son indemnité parlementaire

À l’occasion d’un meeting organisé par Benjamin Griveaux le 6 novembre dernier, la députée demande à deux de ses assistant parlementaires de s’y rendre. Alors qu’ils refusent car il s’agissait d’une réunion “hors de [leur] périmètre”, Laetitia Avia les y oblige en leur assurant qu’il s’agissait d’un événement de circonscription, ce qui était faux. Ce soir-là, la députée se serait même servie de son indemnité parlementaire pour rembourser les frais de taxi à l’un de ses collaborateurs.

D’après son assistante parlementaire voulant rester anonyme, ses collègues et elle ont prévenu à plusieurs reprises Laetitia Avia que ces pratiques étaient risquées : “On a dit à Laetitia Avia qu’elle ne pouvait pas nous demander ce travail. Mais elle s’en fichait en nous répondant qu’elle savait ce qu’elle faisait, étant avocate de formation”.

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