Municipales 2020 : qui est Pierre Hurmic, le nouveau maire de Bordeaux ?

Qui est Pierre Hurmic, le nouveau maire de Bordeaux ?
Qui est Pierre Hurmic, le nouveau maire de Bordeaux ?

Le candidat écologiste Pierre Hurmic vient de remporter la mairie de Bordeaux. Élu conseiller municipal dès 1995 et après des décennies dans l’opposition, cet avocat de 65 ans passe de l’autre côté de la barrière.

C’est l’une des surprises de ce second tour des municipales. La droite a perdu la ville de Bordeaux, qu’elle dirigeait depuis 73 ans. Cet exploit électoral a été accompli par le candidat des Verts Pierre Hurmic. Il s’est imposé avec 46,5% des voix face au maire sortant Nicolas Florian - qui avait remplacé Alain Juppé lorsqu’il a rejoint le Conseil constitutionnel - et à Philippe Poutou.

Si son nom n’était, jusqu’à cette soirée du 28 juin, pas forcément connu du grand public, Pierre Hurmic est pourtant une figure de la politique locale depuis des décennies.

Les premiers pas à Bordeaux

Né à Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), le 10 avril 1955, ce fils d’une infirmière et d’un chirurgien est issu d’une fratrie de quatre enfants. Après un collège et un lycée en pension à Bayonne, Pierre Hurmic atterrit en 1973 à Bordeaux pour démarrer ses études supérieures.

Déterminé à devenir avocat, comme le relate le site de son mouvement Bordeaux respire, il a mené un double cursus de droit et de sciences politiques. Des études qui lui ont fait découvrir tant l’amour de la politique que les idéaux écologiques, sous l’égide de l’un de ses professeurs, Jacques Ellul. Ce théologien, historien et sociologue - qui a notamment étudié les révolutions - se méfiait pourtant de la politique. Mais pas de quoi dégoûter le futur édile.

“Bourgeois”, “notable” et “frondeur”

En parallèle, rapidement après son arrivée dans la capitale girondine, Pierre Hurmic a participé à la rédaction de l’hebdomadaire La Vie de Bordeaux - aujourd’hui disparu - précise Le Monde. L’occasion pour lui d’en apprendre plus sur cette ville nouvelle et l’histoire de ses quartiers.

Comme prévu, ses études l’ont conduit à une carrière d’avocat. Et c’est à Bordeaux qu’il a décidé d’installer son cabinet, non loin de la mairie. Un emploi qui lui vaut l’inimitié de Philippe Poutou. Le candidat du NPA a estimé, durant cette campagne pour les municipales, que Pierre Hurmic, qu’il surnomme “le catho basque”, était “du mauvais côté de la barrière”. “Il me traite de bourgeois et il a raison. Economiquement, j’en suis un”, réagissait l’intéressé dans Le Monde. Lui même se décrit comme à la fois “notable” et “frondeur”, rapporte BFMTV.

Une rencontre déterminante

C’est d’ailleurs par le biais de son métier - et presque un peu par hasard - qu’il s’est lancé en politique. Au début des années 1990, il a remplacé au dernier moment l’un de ses confrères pour défendre Noël Mamère, maire de Bègles, empêtré dans une affaire de diffamation, comme le rappelle Le Parisien.

Les deux hommes se sont rapprochés tant et si bien qu’en 1992, Pierre Hurmic est élu conseiller régional d’Aquitaine, sous l’étiquette Génération écologie, dont Noël Mamère est l’un des fondateurs. Interrogé sur le sujet, il ne tarit pas d’éloges sur son ancien poulain, comme le rapporte BFMTV. "Pierre c'est un intègre, un homme sain, pas un tordu. [...] On ne lui dicte pas une ligne", décrit-il.

Parmi ses autres clients célèbres, l’avocat bordelais compte également José Bové, qu’il a défendu dans les années 2000 dans différentes affaires d’actions anti-OGM.

L’éternel conseiller de l’opposition

À partir de sa première élection en 1992, Pierre Hurmic ne s’est plus arrêté. En 1995, il a obtenu un siège de conseiller municipal à Bordeaux, dans le camp de l’opposition face à un Alain Juppé tout juste élu. Les deux hommes se sont fait face tout au long de la carrière du célèbre maire de Bordeaux puisque Pierre Hurmic est parvenu à obtenir un siège à chaque nouvelle élection municipale.

Si leurs idées sont sensiblement différentes, ils ont tout même - parfois - pu trouver un terrain d’entente. Ce fut notamment le cas autour du code de la rue, une sorte de code de la route pour les riverains. Cette idée de l’avocat a séduit l’édile, qui a créé une commission sur le sujet.

Mais les deux hommes se sont aussi fait face sur des dossiers épineux. Dernière opposition marquante : l’abattage de 17 marronniers centenaires, dans le cadre de la rénovation de la place Gambetta, en 2018. Bien décidé à faire entendre ses idées, Pierre Hurmic n’avait alors pas hésité à s’enchaîner à l’un des arbres, accompagné des membres d’un collectif créé pour l’occasion.

Dans sa course aux élections, Pierre Hurmic a également dû faire face à des défaites : malgré quatre tentatives, il n’est jamais parvenu à remporter les élections législatives. Mais peu importe : aujourd’hui, celui que l’on prenait pour l’éternel conseiller de l’opposition est désormais à la tête de la ville de Bordeaux.

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