Moscovici alerte sur le prochain budget, le « plus difficile depuis la crise financière »

Les avertissements de Moscovici (ici avec Le Maire en 2017) pour le prochain budget, le « plus difficile depuis la crise financière »
JOHN THYS / AFP Les avertissements de Moscovici (ici avec Le Maire en 2017) pour le prochain budget, le « plus difficile depuis la crise financière »

POLITIQUE - Attention danger. La Cour des comptes étrille le gouvernement pour sa gestion des finances publiques dans son rapport annuel publié mardi 12 mars. Elle lui reproche un scénario initial « improbable » pour 2024, une trajectoire « peu ambitieuse et fragile » sur le déficit, et tire déjà la sonnette d’alarme pour les prochains budgets.

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Sur plus de 700 pages, largement consacrées à l’adaptation au changement climatique, une quarantaine d’entre elles dressent comme chaque année un état des lieux global des finances publiques. « Pour moi, la situation est sérieuse », « au-delà » de juste « préoccupante », a résumé devant la presse Pierre Moscovici, premier président de la juridiction financière.

Pour l’ancien ministre socialiste, « il y a des efforts considérables à faire » et le prochain projet de loi de finances (PLF) - « le plus difficile à réaliser depuis la crise financière » - nécessitera « courage et volonté politique ».

« Nous sommes au pied du mur »

La trajectoire présentée par le gouvernement dans la loi de programmation des finances publiques (LPFP) pour 2023 à 2027 « conjugue trois faiblesses », estime la Cour : « un scénario macroéconomique trop optimiste dès 2024 », un « retour tardif » du déficit public sous les 3 % du PIB, en 2027, et « des efforts de maîtrise des dépenses inédits mais non documentés et renvoyés à la période 2025-2027 ».

« Le respect de l’objectif de déficit » public à 4,4 % du PIB pour 2024 « n’est pas acquis », a encore averti Pierre Moscovici, même avec les récentes coupes de dix milliards d’euros dans le budget de l’État, prises en compte dans ce rapport qui donne une photographie à fin février 2024.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire les avait annoncées mi-février, en même temps qu’il avait abaissé la prévision de croissance française pour 2024 à 1 %, contre 1,4 % lorsque le budget avait été bâti - un scénario « improbable » dès le départ, estime la Cour. Ces annulations de crédits étaient « impératives » mais risquent de ne pas être « suffisantes pour maintenir la trajectoire du déficit », toujours selon les mots du premier président.

De fait, la Cour des comptes estime que les finances publiques « resteront en 2024 parmi les plus dégradées de la zone euro » et risquent par conséquent d’exposer la France « à des discussions difficiles avec la Commission et ses partenaires européens. »

Faire des économies, mais sans « austérité »

En clair, pour Pierre Moscovici, « nous sommes au pied du mur. » « Nous ne pouvons plus différer cet effort, nous l’avons trop fait. Il ne s’agit pas de l’austérité, parce qu’on peut et on doit le faire intelligemment, sans couper la croissance et sans abîmer la cohésion sociale », a-t-il martelé ce mardi matin, en service après-vente sur France Culture.

Dans ce contexte, l’ancien ministre sous François Hollande juge « raisonnables » les 20 milliards d’euros d’économies pour l’ensemble des finances publiques en 2025, annoncées par le gouvernement. Mais il a souligné devant la presse qu’elles ne sont, comme pour le reste des 50 milliards d’euros d’économies nécessaires d’ici 2027, « à ce stade pas documentées, ni étayées ».

Selon la Cour des comptes, ces économies seront « d’autant plus difficiles » à réaliser que « la hausse des charges d’intérêts et de nombreuses lois de programmation sectorielle (Défense, Justice, Intérieur, Recherche) orientent déjà la dépense publique à la hausse », outre les futures dépenses sur la transition écologique.

Sa juridiction préconise donc la « sélectivité dans les dépenses et de compenser tout surcroît de dépense ou baisse d’impôt par des économies ou des hausses de recettes », et de se préparer à « des réformes ambitieuses ».

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