Moscou, pénalisé par les sanctions, respectera le vote en Ukraine

par Darya Korsunskaya SAINT-PETERSBOURG Russie (Reuters) - Vladimir Poutine, qui a indiqué que la Russie reconnaîtrait le résultat de la présidentielle prévue dimanche en Ukraine, a admis vendredi que les sanctions occidentales pénalisaient l'activité des entreprises russes depuis le début de la crise ukrainienne. Le chef d'Etat a également affirmé lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg que le financement de nombreuses entreprises était limité en raison des sanctions prises afin de punir Moscou. Il a ajouté que les Etats-Unis, qui font pression pour étendre ces sanctions, pourraient en tirer profit. "Peut-être que nos amis américains - ce sont des gens malins - veulent obtenir un avantage concurrentiel dans leurs relations économiques et commerciales avec l'Europe", a-t-il dit. Selon les statistiques officielles, le produit intérieur brut (PIB) de la Russie a augmenté de 0,9% sur un an au premier trimestre. Le ministère de l'Economie avait annoncé en avril que le PIB avait reculé de 0,5% au premier trimestre par rapport aux trois derniers mois de 2013. Devant les investisseurs réunis à Saint-Pétersbourg, le chef du Kremlin a dit espérer pouvoir trouver une solution à la crise ukrainienne et parvenir à une amélioration des relations avec les Etats-Unis. "Je suis optimiste. Je ne perds pas l'espoir que la situation en Ukraine, à un moment donné, revienne à la normale et que nous trouvions la force intérieure pour normaliser les relations avec les Etats-Unis", a-t-il déclaré. "Nous ne cherchons pas à nous isoler. Nous espérons que le bon sens incitera nos partenaires européens et américains à travailler avec la Russie", a-t-il dit. BOOMERANG Selon lui, les sanctions imposées par les Occidentaux finiront par avoir un effet de boomerang car, juge-t-il, la vision unipolaire du monde a échoué. "Le monde a changé. La vision unipolaire du monde a échoué", a-t-il déclaré lors de ce forum économique instauré comme pendant au Forum économique de Davos. Poutine a détaillé les mesures qu'il entendait mettre en oeuvre pour relancer l'économie russe menacée par la récession, notamment en misant moins sur les exportations énergétiques qui représentent 25% du PIB et en aidant les entreprises de ce secteur à se diversifier. Une autre mesure phare sera de soutenir l'activité des principales banques russes en facilitant leur capacité de prêt. "Nous allons plus capitaliser les organisations bancaires d'importance systémique", a-t-il annoncé. VTB, deuxième banque russe, a annoncé vendredi qu'elle allait augmenter ses provisions de prêt en raison de la crise en Ukraine et que cette mesure aurait des conséquences sur les bénéfices du premier trimestre. RESPECT DU PEUPLE UKRAINIEN L'exposition de Sberbank, première banque de la Fédération russe, à l'Ukraine s'élève à 130 milliards de roubles (4 milliards de dollars), soit moins d'un pour cent de son bilan. Elle a par ailleurs mis en oeuvre des mesures pour faire face à une dégradation de la situation russe en raison de la crise ukrainienne et des sanctions occidentales. Le président russe a par ailleurs promis de respecter le résultat de l'élection présidentielle qui doit avoir lieu en Ukraine dimanche. "Nous traiterons le choix du peuple ukrainien avec respect", a-t-il dit. La principale préoccupation de la Russie dans l'actuelle crise en Ukraine est que l'ancienne république soviétique rejoigne l'Otan, a expliqué Poutine. "Demain, l'Ukraine pourrait rejoindre l'Otan et le lendemain une partie du système antimissile américain pourrait être déployé là-bas", a-t-il plaidé. Vladimir Poutine avait expliqué le mois dernier que la décision d'annexer la Crimée se justifiait par l'élargissement continu de l'Alliance atlantique aux pays d'Europe de l'Est. (Mathilde Gardin et Pierre Serisier pour le service français, édité par Nicolas Delame et Henri-Pierre André)