Moscou, des militants orthodoxes à l'assaut du manège

Plusieurs sculptures d’une exposition consacrée à l’avant-garde soviétique ont été détruites vendredi à Moscou par des militants d’un mouvement orthodoxe radical.

«Les gens ont commencé à appeler pour dire qu’il se passait là-bas quelque d’inadmissible, qu’il fallait faire quelque chose. Nous y sommes allés, avons vu de nos propres yeux et avons appelé la police.» Dmitri Tsorioniov, qui se fait appeler Dmitri «Enteo», explique à bfm.ru les raisons de son incursion tonitruante au Manège, salle d’exposition située à quelques mètres de la place Rouge. Le jeune barbu est le fondateur d’un mouvement citoyen dont le nom, «Volonté de Dieu», ne dissimule pas les intentions. «Notre peuple doit cesser de commettre des atrocités, d’être tolérant à l’anarchie imposée et doit commencer à servir Dieu. Toute notre action est dirigée en ce sens», indique le manifeste du groupe.

L’exposition, consacrée aux sculpteurs soviétiques n’ayant pas reçu les honneurs du régime, n’a guère plu au collectif. «Des œuvres sataniques faites par des pervers», a réagi Enteo, accusant la direction du Manège d’avoir commis «un acte de blasphème sans précédent». Vendredi, une dizaine de ces activistes ont pénétré dans la salle d’exposition et vandalisé quatre sculptures de l’artiste Vadim Sidour (1924-1986), auquel un musée, créé en 1989, est dédié à l’est de la capitale. Enteo dit ensuite avoir appelé la police : l’exposition porterait atteinte aux croyants, un délit en Russie en vertu d'une loi adoptée en 2013, en réaction à l’action polémique du collectif Pussy Riot dans la cathédrale du Christ-Sauveur. Depuis, le texte est régulièrement utilisé pour «faire le ménage» dans la sphère culturelle. Il y a quelques mois, une mise en scène de Tannhaüser jugée licencieuse par l’Eglise orthodoxe a motivé le renvoi du directeur de l’opéra de Novossibirsk.

A l’instar du Tannhaüser sibérien, c’est une représentation «indécente» de Jésus-Christ qui a échauffé les activistes de Volonté de Dieu. «Je n’ai jamais (...)

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