Moscou : ce que l’on sait de l’attaque armée lors d’un concert qui a fait au moins 133 morts

Des hommes armés ont pénétré dans une salle de concert en banlieue de Moscou. Le groupe État islamique a revendiqué l’attaque.

Les autorités russes dénoncent « un attentat terroriste sanglant » et un « crime monstrueux ». Au moins 133 personnes ont été tuées dans une fusillade, suivie d’un énorme incendie ce vendredi 22 mars dans la soirée dans une salle de concert en banlieue de Moscou, où ont pénétré plusieurs hommes armés.

Le groupe État islamique (EI) a revendiqué l’attentat dans la soirée. Des combattants de l’EI « ont attaqué un grand rassemblement (...) dans les environs de la capitale russe Moscou », a affirmé Daesh sur l’un de ses comptes Telegram. L’organisation jihadiste a affirmé que son commando avait ensuite « regagné sa base en toute sécurité ».

De son côté, le Kremlin a annoncé ce samedi 23 mars l’arrestation de 11 personnes, dont quatre assaillants. « Le directeur du FSB (les services de sécurité russe, a informé M. Vladimir Poutine de l’arrestation de 11 personnes, dont les quatre terroristes directement impliqués dans l’attentat », a indiqué la présidence aux agences de presse russes.

Cette attaque s’est produite lors d’un concert du groupe de rock russe Piknik, dont les membres ont pu être évacués. Une enquête a été ouverte pour « acte terroriste ». Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a aussitôt annoncé l’annulation de tous les évènements publics dans la capitale russe.

• Comment s’est déroulée l’attaque ?

L’attaque par plusieurs individus armés a eu lieu dans la soirée au Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, une banlieue située juste à la sortie nord-ouest de la capitale russe.

Selon un journaliste de l’agence de presse publique Ria Novosti, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption sur le parterre de la salle de concert avant d’ouvrir le feu et de lancer « une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie ».

« Les personnes qui se trouvaient dans la salle se sont allongées sur le sol pour se protéger des tirs, pendant 15 à 20 minutes, après quoi elles ont commencé à sortir en rampant. Beaucoup ont réussi à sortir », a indiqué ce journaliste de Ria Novosti.

Les chaînes Telegram d’actualités Baza et Mash, réputées proches des forces de l’ordre, ont publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall et d’autres sur lesquelles on voit des cadavres et des groupes de personnes se précipitant vers la sortie. D’autres images montrent des spectateurs se cachant derrière des sièges ou en train d’évacuer la salle de concert.

Les services de secours, cités par l’agence Interfax, ont fait état d’un « groupe de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et armées d’armes automatiques » qui ont « ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert » puis « commencé à tirer sur le public ».

• Que sait-on de l’incendie qui a suivi ?

Les flammes se sont propagées à près de 13 000 m2 du bâtiment avant que l’incendie ne soit contenu, selon les services de secours.

Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent le toit du bâtiment en feu, qui commence à s’effondrer, et de larges volutes de fumée noire s’échappant vers le ciel.

« Il reste encore quelques foyers mais l’incendie a été pratiquement circonscrit. Des secouristes ont pu pénétrer dans l’auditorium » où le toit s’était effondré, a déclaré dans la nuit sur Telegram le gouverneur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.

Les travaux de déblayage y ont commencé « et vont durer toute la journée », a-t-il indiqué dans la matinée, en précisant que 477 secouristes étaient déployés sur les lieux. Aucune information n’a été donnée sur le nombre de personnes potentiellement piégées à l’intérieur.

• L’Ukraine écarte toute implication

« Soyons clairs, l’Ukraine n’a absolument rien à voir avec ces événements », a assuré sur Telegram, avant la revendication de Daesh, un conseiller de la présidence ukrainienne dont le pays combat depuis deux ans l’invasion russe. « L’Ukraine n’a jamais utilisé de méthodes de guerre terroristes », a-t-il ajouté. Pour l’Ukraine, « il est important de mener des opérations de combat efficaces, des actions offensives pour détruire l’armée régulière russe » et mettre fin à l’invasion, a encore déclaré le responsable.

« L’attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de (Vladimir) Poutine. Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l’Ukraine et une mobilisation totale en Russie », a de son côté assuré le renseignement militaire ukrainien, toujours avant la revendication de Daesh, estimant que l’attaque « doit être comprise comme une menace de Poutine de provoquer l’escalade et d’étendre la guerre ».

L’ex-président russe Dmitri Medvedev a lui annoncé que la Russie « détruirait » les dirigeants ukrainiens s’ils étaient responsables de l’attaque.

La Légion Liberté de la Russie, un groupe de combattants russes anti-Kremlin basé en Ukraine et qui fait régulièrement des incursions armées dans des régions frontalières russes, a également nié toute implication en début de soirée.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a dénoncé sur Telegram un « attentat terroriste sanglant », appelant la communauté internationale à « condamner ce crime odieux ».

La France a dénoncé des « actes odieux » et demandé que toute la lumière soit faite sur cette attaque.

La Maison Blanche est « en pensées aux côtés des victimes de (cette) terrible attaque », a dit un porte-parole de la présidence américaine, évoquant des « images horribles et difficiles à regarder ».

• Des précédents

La Russie a été la cible de nombreuses attaques par le passé commises par des groupes islamistes mais aussi de fusillades sans motif politique ou attribuées à des déséquilibrés.

En 2002, des combattants tchétchènes avaient pris en otage 912 personnes dans le théâtre moscovite de la Doubrovka pour réclamer le retrait des troupes russes de Tchétchénie. La prise d’otages s’était achevée par un assaut des forces spéciales, et la mort de 130 personnes, la quasi-totalité asphyxiées par le gaz utilisé par les forces de l’ordre.

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