Mort de Vito Acconci, performeur d'un art sans borne

Capture d'écran de «Open Mouth» (1974)

Pionnier aussi excentrique q'influent, passé de la poésie à la création visuelle, il avait redéfini les contours de l'art contemporain et la place qu'y tient le spectateur.

En 1974, sa voix poussée dans les aigus, hystérique et pourtant pas criarde, juste chuintée, est, dans une vidéo (Open Book) le son de la crise qui atteint l’art, les utopies, et puis l’économie. Vito Acconci, dont on a appris ce vendredi la mort à 77 ans, fut l’un de ces artistes américains qui d’emblée prévoient le pire, l’annoncent bruyamment et l’incarnent dans des perfomances qui changent toutes les règles du jeu pour prendre le contrepied de la légèreté nonchalante du pop art.

A ses yeux, comme à ceux de ses jeunes acolytes qui inaugurent la décennie 70 (dont Chris Burden), il s’agit d’incarner les choses, de payer de sa personne et de brusquer les situations. A commencer par celle du spectateur de la prestigieuse Sonnabend Gallery qui, en 1971 arpente, désemparé imagine-t-on, l’espace d’exposition sans qu’il n’y ait rien à voir mais bien trop à entendre. Vito Acconci est là, au sous-sol. Il se masturbe. Ses gémissements de plaisir sont diffusé à l’étage, de manière à ce que le spectateur en profite. Ou à ce qu'au contraire il quitte aussitôt la place en ayant pris ombrage de ce plaisir solitaire que l’artiste s'offre, branleur ne partageant rien d’autre avec ses fans que son plaisant désœuvrement. Mais, un an avant cette pièce (Seedbed, 1972), Vito Acconci attend déjà le spectateur au tournant et toujours dans les bas-fonds : au bas de l’escalier de l’espace d’expo, les yeux bandés, il se tient, armé d’une batte de baseball, prêt à frapper quiconque descendra là le voir. Et puis, en 1969, n’attendant personne, il se met à suivre les gens dans la rue dans ses Following pieces. C’est par ces pièces magistrales que tout a d’ailleurs commencé, cette inversion de l’ordre des choses et de la place du spectateur, qui n’est plus tant celui qui observe et admire que celui qui (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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