Mort du père de Lola : peut-on vraiment mourir de chagrin ?
Le père de la jeune fille, tuée dans le XIXe arrondissement de Paris en 2022 est mort à l'âge de 49 ans. Johan Daviet ne s'était jamais remis de la mort de sa fille de 12 ans.
"Johan Daviet avait la tête et le cœur trop près de l’enfer depuis les faits commis sur sa fille. Il dégringolait. Sa crise cardiaque est l’épilogue de cette descente aux enfers", a expliqué l'avocate de la famille de Lola, Me Clotilde Lepetit, après le décès de Johan Daviet.
Sa jeune fille de 12 ans avait été retrouvée morte dans une malle dans le XIXe arrondissement de Paris, en octobre 2022. La principale suspecte a été mise en examen pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans accompagné de tortures ou actes de barbarie et pour viol sur mineur.
Depuis le drame, Johan Daviet, 49 ans, s'était séparé de sa compagne et était retourné vivre chez sa mère, dans le Pas-de-Calais. Il avait également replongé dans l'alcool, trois ans après avoir réussi à prendre ses distances avec la boisson.
Le syndrome du coeur brisé
Selon son avocate, il a autant été victime d’une crise cardiaque que mort de chagrin, de quoi relancer les interrogation sur cette expression populaire. Mourir de chagrin est une réalité scientifique, également connue sous le nom de "syndrome du cœur brisé" ou "tako-tsubo", mis en lumière par des scientifiques japonais en 1991.
Concrètement, face à une émotion importante, qu'elle soit positive ou négative, le coeur fait face à une décharge d'hormones de stress. Face à cela, le coeur n'est plus capable de se contracter, on parle alors de coeur brisé. Dans 90% des cas, ce sont des femmes qui sont touchées. L'anxiété et le stress chronique font partie des facteurs aggravant.
2 à 4 fois plus de risque de décéder dans les deux ans
Si les symptômes ressemblent à ceux d'un infarctus, comme une douleur thoracique, les artères ne sont pas bouchées mais le ventricule gauche du coeur a une anomalie morphologique, prenant une forme ovale avant, dans la plupart du temps, de reprendre une forme normale. Chaque année, environ 1 200 cas sont enregistrés en France.
"La mortalité des veuves et des veufs est doublée dans l'année qui suit le décès. Le deuil d'un enfant est à risque sévère de complications psychiatriques chez les parents qui ont deux à quatre fois plus de risque de décéder dans les deux années qui suivent. Ce risque se maintient à un niveau anormal pendant 20 ans", expliquait le psychiatre Alain Sauteraud, spécialisé dans le deuil, dans une tribune publiée dans Le Monde.
Un risque de décès plus élevé chez les veufs
En 2014, une étude publiée dans la revue médicale JAMA Internal Medicine, compare outre-Manche des adultes de 60 à 89 ans ayant connu le décès de leur conjoint.e, avec ceux n'ayant pas connu ce drame. L'étude met en avant que dans le mois suivant le décès de leur conjoint.e, les personnes endeuillées ont un risque plus élevé de crise cardiaque ou d'AVC par rapport à ceux qui n’avaient pas perdu leur partenaire. Une personne veuve aurait deux fois plus de risque de mourir dans les deux ans suivant son décès, bien que le risque s'amenuise au fur et à mesure du temps qui passe.
En cause, le stress causé par un profond chagrin, qui peut entraîner une accélération du rythme cardiaque et une tension et une coagulation accrues, qui constituent autant de facteurs de risque de l'infarctus du myocarde. Facteurs aggravants, la personne endeuillée risque en outre de moins dormir, de perdre l'appétit et de négliger son traitement médical s'il en suit un.
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