Mort de Naomi Musenga : l’opératrice du Samu condamnée pour non-assistance à personne en danger

L’opératrice du Samu qui avait raillé au téléphone la jeune femme de 22 ans, décédée par la suite à l’hôpital, a été reconnue coupable de non-assistance à personne en danger.

JUSTICE - Des excuses, une condamnation, et enfin, le soulagement. L’affaire Naomi Musenga s’est finalement close ce jeudi 4 juillet, avec la décision tribunal correctionnel de Strasbourg de reconnaître coupable de non-assistance à personne en danger l’opératrice du Samu qui avait raillé fin 2017 au téléphone la jeune femme de 22 ans. La jeune maman d’un enfant de 18 mois était décédée peu après à l’hôpital.

« J’ai très mal au ventre », « Je vais mourir… », avait soufflé Naomi Musenga dans le combiné en appelant le 15. « Oui vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde », lui avait rétorqué la régulatrice. L’enregistrement de l’appel, rendu public après coup, avait soulevé une vague d’indignation.

Ce jeudi, tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet, qui avait demandé 10 mois avec sursis envers l’opératrice, et prononcé une peine d’un an de prison avec sursis. Corinne M., âgée de 60 ans, a également été condamnée à verser 15 000 euros à la famille de Naomi Musenga au titre des frais d’avocats. Elle a dix jours pour faire appel.

« Cette phrase fait froid dans le dos »

La procureure, Agnès Robine, avait réclamé une « sanction de principe, claire, pour rappeler la loi et le devoir d’humanité de chacun des citoyens ». Elle avait insisté sur les « graves négligences » commises par la régulatrice lors des appels passés le 29 décembre 2017 par Naomi Musenga, soulignant qu’elle disposait pourtant d’une « solide expérience » professionnelle depuis huit ans qu’elle exerçait à ce poste, après avoir été ambulancière.

« À aucun moment elle n’essaie de savoir ce que Mme Musenga a comme symptômes, alors qu’elle lui dit qu’elle va mourir », a souligné la magistrate. « Je ne peux pas vous aider parce que je ne sais pas ce que vous avez », a-t-elle cité de l’enregistrement de la conversation entre la jeune femme souffrante et l’opératrice. « Cette phrase fait froid dans le dos », a souligné la procureure. « C’était l’essence même de sa mission que de poser les questions aux appelants ».

L’opératrice présente ses excuses, la mère de Naomi « pardonne »

Thomas Callen, avocat de Corinne M., avait plaidé la relaxe, estimant que même si sa cliente avait manifesté un « manque d’empathie » et un « défaut d’humanité », elle n’avait pas « la conscience d’un péril » pour la vie de son interlocutrice. Corinne M. s’est excusée auprès de la famille de Naomi Musenga en ouverture des débats jeudi matin, des excuses accueillies avec bienveillance par la mère de Naomi qui « pardonne » à l’opératrice.

Sa fille est décédée le 29 décembre 2017 à l’hôpital de Strasbourg après avoir été prise en charge avec « un retard global de près de 02 h 20 », selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Selon l’enquête, son décès n’est pas lié au retard de prise en charge. L’expertise évoque un accident vasculaire digestif ayant entraîné une hémorragie.

La mère de la victime a fait part de son « soulagement » que la responsabilité de l’opératrice soit reconnue et que celle-ci ait exprimé des excuses. « Aujourd’hui c’est ce qui nous permet, nous, je pense, d’avancer », a dit sa fille Louange.

« Il me semble que jamais, jusqu’à aujourd’hui, une opératrice du Samu n’avait été condamnée devant un tribunal correctionnel », a aussi réagi leur avocat, Jean-Christophe Coubris, soulignant la « décision équilibrée » du tribunal. « Dès lors que la décision sera définitive », il compte saisir le tribunal administratif. « Pour nous, ça fait partie du combat et il me semble que ça aura un sens de faire aussi condamner l’hôpital qui était l’employeur de cette opératrice. »

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